La dépense intérieure d'éducation (DIE)
La notion de dépense intérieure d'éducation (DIE) est issue de la comptabilité nationale : elle trace la totalité des dépenses effectuées par l'ensemble des agents économiques pour les activités d'éducation et les activités connexes.
Les concepts issus de la comptabilité nationale sont précis. Il semble utile de bien les définir : il existe plusieurs nomenclatures.
La première concerne les activités entrant traditionnellement dans la dépense d'éducation :
- les activités d'enseignement comprenant l'enseignement scolaire et universitaire à tous les niveaux mais aussi l'enseignement à distance et la formation professionnelle continue ;
- les activités annexes comprenant notamment l'administration générale, l'orientation scolaire, les cantines ou internats ou la médecine scolaire ;
- les biens et services connexes comprenant le transport scolaire, les livres, les fournitures scolaires et les autres achats demandés par les institutions scolaires (pour l'habillement comme les vêtements professionnels ou les tenues de sport).
La seconde nomenclature recense les unités de financements, les financeurs : elle comprend l'État (ministère de l'Éducation nationale et autres ministères), les collectivités territoriales, les autres administrations publiques concernées, comme les Caisses d'Allocations Familiales qui versent l'allocation de rentrée scolaire (ARS). Elle comprend également les ménages et les entreprises.
La troisième nomenclature est une nomenclature d'unités de production c'est-à-dire d'établissements : un établissement du second degré produira principalement une activité d'enseignement secondaire, une activité annexe de cantine et s'il existe une classe post-bac, une activité d'enseignement supérieur.
La quatrième nomenclature permet de distinguer entre dépenses de personnels, autres dépenses de fonctionnement et dépenses en capital.
Le produit intérieur brut
C'est un agrégat de la comptabilité nationale égal à la somme des valeurs ajoutées brutes augmentée de la TVA sur les produits et les droits de douanes.
Multipliée par 2 depuis 1980 , la dépense intérieure d'éducation représente 6,8 % du PIB en 2022, soit :
- 180,1 milliards d'euros,
- 9 860 euros par élève ou étudiant.
Près des trois quarts des dépenses sont des dépenses de personnel, essentiellement prises en charge par l'État, qui participe de manière prépondérante au financement de la DIE, à hauteur de 55,7 % en 2022 dont 51,9 % pour le MEN et le MESR. Les collectivités locales assurent 22,7 % du financement initial.
Les collectivités territoriales financent 36,6 % de cette dépense, essentiellement les communes qui prennent en charge la rémunération de personnels non enseignants (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles), ainsi que les dépenses de fonctionnement et zd'investissement des écoles. Les dépenses de personnel représentent 73,3 % de la dépense totale, dont 22,4 % pour les personnels non enseignants.
Toujours en 2020, la France a consacré 160,6 milliards d'euros à la DIE, soit 7 % du PIB. Cette augmentation de 0,3 points par rapport à 2019 s'explique par la baisse du PIB en temps de Covid et non par une augmentation des dépenses d'éducation.
En 2022, avec une participation au financement de 22,7 %, les collectivités territoriales restent le second contributeur de la DIE.
L'État finance la DIE à hauteur de 58,8 % en 2020, de façon plus marquée qu'en 2019 (57,3 %).
Ce poids s'explique par sa prépondérance dans la rémunération des enseignants, ainsi que par le versement des bourses d'études. En 2020, dans la suite de la priorité donnée au primaire, les dépenses de l'État s'accroissent à prix courants de 2,9 % pour le premier degré et de 1,3 % pour le second degré.
Les dépenses de l'État progressent de 3,5 % en euros courants, soit 0,5 % en euros constants. Cette augmentation traduit à la fois la revalorisation du point d'indice de la fonction publique, à compter de juillet 2022, et la poursuite des mesures du Grenelle de l'Éducation engagées à partir de 2021. Celles-ci ont conduit à majorer les rémunérations des personnels en début et milieu de carrière (création de la prime d'attractivité dont bénéficient 58 % des enseignants) et à augmenter les promotions au grade de hors classe.
En 2022, la dépense intérieure d'éducation est évaluée à 180,1 milliards d'euros
(3), soit 6,8 % du PIB. Elle correspond à une moyenne de 9 860 euros par élève ou étudiant. Elle s'accroît de 8,3 milliards d'euros par rapport à 2021 en euros courants, soit une augmentation de 4,9 %.
Les dépenses pour l'enseignement du premier degré
Entre 1980 et 2019, la dépense d'éducation a crû en moyenne au même rythme que la richesse nationale, soit 1,8 % par an. Toutefois, du fait de la crise sanitaire, la DIE a enregistré une baisse de 4,4 milliards d'euros en 2020, soit − 2,6 % par rapport à 2019.
La crise a en effet occasionné une moindre activité des services de restauration, d'hébergement et de transports scolaires. Les familles ont également supporté de moindres dépenses de cantine et d'internat.
En 2020, la part de la DIE consacrée à l'enseignement du premier degré s'élève à 29,3 %, en hausse de plus de 2 points depuis 2010.
Le préélémentaire affiche un léger surcoût par rapport à l'élémentaire, principalement dû à un taux d'encadrement renforcé par la présence des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem).
En 2022, le coût moyen par élève ou étudiant progresse pour tous les niveaux en euros courants (+6,4 % dans le premier degré, +3,7 % dans le second degré). La DIE est de 7 910 euros pour un élève du premier degré. La priorité est donnée au primaire, avec un accroissement des dépenses de 2,9 % pour ce secteur.
La scolarisation dans l'enseignement du premier degré a connu ces dernières décennies trois évolutions marquantes : le développement de la scolarisation avant l'âge de 6 ans, la diminution des effectifs en raison de la baisse démographique et de la réduction des retards scolaires, et l'amélioration générale des conditions d'accueil des écoliers.
En maternelle, l'accueil des enfants âgés de 5 ans, puis de 4 ans, s'est progressivement généralisé durant les années 1960 et 1970. À l'âge de 3 ans, la scolarisation est devenue totale, ce qui n'est pas le cas des enfants de 2 ans dont l'accueil est souvent fonction des places disponibles et donc de l'évolution de la population âgée de 2 à 5 ans.
En primaire comme en maternelle, dans le public comme dans le privé, des élèves ont bénéficié d'une forte réduction de la taille moyenne des classes. En maternelle, proche de 40 élèves jusqu'au début des années 1970, elle a progressivement été ramenée aux environs de 26 élèves. Dans le primaire, le phénomène est un peu moins prononcé : voisine de 30 élèves dans les années 1960, la taille moyenne des classes est maintenant inférieure à 23 élèves.
Les dépenses pour l'enseignement secondaire
En 2022, le pays a consacré près de 67,4 milliards d'euros à l'enseignement du second degré, soit 42,0 % de la dépense intérieure d'éducation. Depuis 1980, la dépense moyenne par élève a crû de 64,6 % en prix constants pour s'établir à 9 380 euros en 2009.
On peut estimer que la dépense par élève a crû de 64,6 %. Cette hausse résulte, surtout dans les années 1990, d'une part, de l'amélioration de la carrière des enseignants, parmi lesquels agrégés et certifiés sont de plus en plus nombreux, d'autre part, des conséquences des lois de décentralisation.
À partir de 2006, on assiste à une nouvelle vague de décentralisation avec le transfert des personnels TOS (techniciens, ouvriers et de service) des collèges et lycées publics aux régions et départements, ainsi que de la part correspondante du forfait d'externat pour les établissements secondaires.
En 2009, les collectivités territoriales assurent ainsi 23,1 % du financement initial. La DIE du second degré n'est plus financée qu'à hauteur de 65,0 % par l'État qui prend en charge la quasi-totalité des personnels.
Les coûts moyens par élève sont les suivants :
- un collégien : 8 020 euros ;
- un lycéen : 11 400 euros en enseignement général ou technologique ;
- un lycéen 11 810 euros en enseignement professionnel ;
- une scolarité commencée à l'âge de trois ans et menant, en 15 ans, à un baccalauréat général et technologique sans redoublement est évaluée à 111 240 euros en 2009, contre 76 070 euros en 1990 (aux prix 2009), soit une augmentation de 46 % ;
- une scolarité menant à un baccalauréat professionnel en 16 ans est évaluée à 124 280 euros, en augmentation de 40 % depuis 1990.
Le ministère de l'Éducation nationale reste le financeur prépondérant, mais sa part a diminué depuis 1985 en raison de la décentralisation au profit des collectivités territoriales. La part des ménages a décru du fait de l'augmentation forte des bourses et de l'extension du champ de la gratuité.