L'établissement public local d'enseignement : nouveau cadre juridique pour les collèges et lycées
Avec la réforme de 1983, les lycées et les collèges deviennent des EPLE. Ils étaient déjà depuis 1975 des établissements publics nationaux. Cette nouvelle structure les classe parmi les établissements publics locaux sans toutefois les soumettre au droit commun de ces établissements : une réelle complexité juridique s'ensuit donc.
La structure juridique de « l'établissement public local » est la seule qui permette de confier dans le cadre de la décentralisation, plus de pouvoirs aux collectivités. Celle « d'établissement d'enseignement » permet de maintenir des pouvoirs étendus à l'État. Il en résulte donc une structure juridique soumise à un triple contrôle :
- celui de l'État dans le cadre du contrôle des actes des collectivités décentralisées ;
- celui de la collectivité de rattachement dans le cadre des compétences transférées ;
- celui de l'autorité académique dans le cadre des compétences conservées.
L'État continue à disposer des compétences qui lui sont constitutionnellement réservées : il définit en premier lieu les objectifs généraux de la politique éducative, fixe les programmes, le contenu des enseignements et conserve le monopole de la définition et de la délivrance des diplômes. Il assume la plus lourde responsabilité financière dans la mesure où il prend en charge la gestion intégrale des personnels.
Il faut rappeler que l'État dispose de moyens pour peser sur l'exercice des compétences transférées :
- Il reste maître de la structure pédagogique générale des établissements.
- Il verse les dotations propres à compenser le transfert de compétences en matière d'investissement scolaire.
- Il fixe la liste annuelle des opérations de construction ou de reconstruction, ou d'extension d'établissements.
La liste des opérations apparaît donc comme le résultat d'un processus de conciliation entre les collectivités territoriales, qui définissent les priorités à réaliser sur le terrain, et l'État, véritable maître du service public de l'éducation, qui confirme ainsi son primat pédagogique.
Les EPLE ont un peu moins de 30 ans, ce qui est peu à l'échelle de l'histoire de l'éducation. La création de ce statut correspondait à la fois à un pari juridique et pédagogique : permettre à l'établissement de pendre toute sa place dans le pilotage pédagogique du système éducatif.
La notion de « projet d'établissement » fait à présent consensus au-delà des clivages classiques. Adoptée par la loi d'orientation de juillet 1989 (et complétée par la circulaire de mai 1990), cette notion a été confortée par la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école d'avril 2005.
La création du statut d'EPLE a permis à l'établissement de se concevoir comme une entité fonctionnelle dont le « projet » mobilise les acteurs de la communauté éducative. Il ne s'agit pas en fait d'un EPLE, mais des EPLE.
Il est aussi un acteur local placé au cœur même des enjeux de la cité et de son environnement.
Au niveau local, les EPLE ont pour interlocutrices les autorités académiques. C'est selon des règles uniformes, fixées au niveau central, que s'organisent :
- les concours de recrutement des enseignants, leur affectation, leur gestion de carrière ;
- les programmes enseignés ;
- l'évaluation des EPLE ;
- les dotations horaires qui leur sont allouées ;
- les examens nationaux du secondaire : diplôme national du brevet (DNB), baccalauréat.
Une complexité croissante
Selon un rapport de 2022
(5), il apparaît que la situation actuelle, de fait, pose plusieurs questions :
- celle du périmètre des compétences des différents acteurs, qui a fait l'objet d'évolutions constantes et parfois contradictoires ;
- celle du financement du système éducatif, dont les collectivités assument une part croissante ;
- celle de la gouvernance d'un système où les acteurs locaux revendiquent que l'État leur délègue de nouvelles compétences.
Néanmoins, le rôle de l'État demeure central. Le ministère de l'Éducation nationale, qui conserve la responsabilité pleine et entière des politiques éducatives, s'appuie sur ses services déconcentrés pour les appliquer sur l'ensemble du territoire. Son organisation territoriale repose sur l'existence de circonscriptions spécifiques : les académies.
Une nouvelle carte régionale
(6) délimite 18 régions académiques (13 en métropole, 5 en outre-mer) dès le 1
er janvier 2016. Elles coïncident désormais avec les régions administratives. Le recteur de région académique est l'interlocuteur unique du préfet de région et du conseil régional.
Au sein de ces régions académiques, les 30 académies demeurent la circonscription de référence de l'Éducation nationale, avec à leur tête un recteur d'académie. C'est l'un des adjoints du recteur, l'inspecteur d'académie - directeur académique des services de l'Éducation nationale (DASEN), qui le représente à l'échelon départemental.