La décision
• En première instance (TA Lille, 7 octobre 1999)
La responsabilité de l'État est retenue. Le tribunal administratif de Lille le condamne à verser à la caisse primaire d'assurance maladie une somme correspondant aux frais des prestations servies à ses assurés.
Il résulte des pièces du dossier que l'intoxication alimentaire trouvait son origine dans les conditions de conservation de la mayonnaise ayant été servie ce jour là à la cantine. Elle contenait des germes de salmonelle.
Si aucune faute caractérisée ne saurait être reprochée au personnel de l'établissement, le fait qu'une telle intoxication ait pu néanmoins se produire, révèle une faute dans l'organisation ou le fonctionnement de l'établissement. En effet, le proviseur se doit d'assurer la sécurité des personnes et des biens ainsi que l'hygiène et la salubrité
(2).
• En appel (CA Douai, 3 juin 2002)
L'État demande à la Cour d'annuler le jugement par lequel le tribunal administratif de Lille l'a condamné. Les juges d'appel relèvent que l'intoxication alimentaire dont ont été victimes les élèves trouve son origine dans les conditions de conservation de la mayonnaise. Or la mission dévolue au chef d'établissement implique que soient servis aux usagers du service de restauration scolaire des repas donnant toute garantie quant à leur qualité sanitaire, la survenance de l'intoxication révèle, dès lors, d'un fonctionnement défectueux du service public de nature à engager la responsabilité de l'État. La structure de la cuisine, la vétusté des locaux et des matériels (bien que relevant de la compétence du conseil régional) n'étaient pas conformes à la réglementation.
Si aucune faute caractérisée ne peut être reprochée au personnel de l'établissement, le seul fait que l'intoxication se soit produite révèle une faute dans l'organisation et le fonctionnement de l'établissement. Bien qu'il soit impossible de définir les circonstances exactes de l'intoxication, sa survenance montre un fonctionnement défectueux du service public de nature à engager la responsabilité de l'État.
Le recours est donc rejeté et la responsabilité de l'État est engagée : il est condamné à rembourser la caisse primaire d'assurance maladie de Lille.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, juin 2011.