La décision
• En première instance
Le surveillant n'a pas contrôlé attentivement les allées et venues dans la cour de récréation puisque les élèves l'ont quittée librement, et ont pu aller jouer dans le garage à vélos non verrouillé ni gardé. Il y a donc faute de surveillance caractérisée.
Pour autant, le règlement intérieur de l'établissement interdisait l'accès au garage à vélos pendant les interclasses et les récréations. La victime a donc commis un acte d'indiscipline en relation causale et directe avec l'accident. Il n'est pour autant pas démontré qui a introduit au collège l'étoile chinoise.
En conséquence, l'État est reconnu responsable pour 2/3 et la victime pour 1/3.
• En appel
Il s'avère que les circonstances ne sont connues que par le récit des protagonistes, puisque l'accident n'a été porté à la connaissance de la direction de l'établissement que quelques jours après qu'il ait eu lieu.
Aucun soin n'a été prodigué à l'infirmerie du collège : la victime a refusé de s'y rendre parce que sa mère ne savait pas qu'il avait une étoile chinoise. La Cour considère qu'il y a eu défaut de surveillance manifeste, puisque cinq élèves ont pu se soustraire à la vue du surveillant pour se livrer à un jeu dangereux et interdit. La circonstance que ce surveillant soit seul pour garder 600 élèves n'est pas pertinente pour exonérer l'État de sa responsabilité.
Mais la victime a aussi une part de responsabilité : elle s'est rendue dans un lieu interdit par le règlement du collège pour se livrer à un jeu dangereux et prohibé avec un objet introduit en fraude.
Il en est de même et ceci à la différence du jugement de première instance, pour les parents de l'élève dont l'étoile a atteint la victime : cet élève a également introduit au collège un objet interdit et dangereux, puis s'est lui aussi rendu dans un endroit défendu.
La présence d'un enfant dans un établissement scolaire ne suffit pas à écarter la présomption de faute pesant sur les parents : ils ont laissé leur fils se procurer une telle arme et l'amener au collège, ce qui démontre une négligence dans leur obligation de surveillance.
Par conséquent, la responsabilité de l'État est retenue pour 1/3, de même que celle de la victime 1/3 et celle des parents de l'élève lanceur 1/3.
Source : Enseignement et responsabilités, Frédérique Thomas et Jean-Daniel Roque, Éditions Berger-Levrault, 2008.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.