Cas n° 2 : corde à sauter
Le jeune Sébastien a reçu lors du cours d'éducation physique et sportive (CM2) dispensé par son instituteur, une corde dans l'œil. L'enseignant faisait effectuer aux élèves un exercice de saut à la corde lorsque celle-ci a échappé de la main de Jamel pour percuter l'œil de son camarade.
En première instance
Il a été considéré par les juges que l'instituteur n'avait pas instauré, dans la mise en place des élèves lors de l'exercice, une distance minimale entre eux pour éviter qu'un tel accident arrive. Il aurait dû mettre beaucoup plus d'espace entre les élèves.
Le tribunal a retenu la responsabilité de l'État, substituée à celle de l'enseignant sur le fondement d'une faute de surveillance : c'est ici une faute dans l'organisation de l'espace d'enseignement.
Le préfet interjette appel de cette décision :
En appel :
Le préfet rappelle que l'enseignant, lors d'une séance d'éducation physique, avait demandé de réaliser un exercice de saut à la corde lorsque celle-ci échappa de la main droite de Jamel pour percuter l'œil de son voisin. Il soutient que, seul, le déplacement involontaire des exécutants a rendu l'accident possible et non une faute de l'enseignant qui ne pouvait empêcher un fait aussi subit. Il sollicite la réformation du jugement.
Les parents de Sébastien recherchent la responsabilité des parents de Jamel sur le fondement d e l'article 1384-4 du Code civil
Les parents de Jamel sollicitent la confirmation du jugement de première instance : il n'est pas établi que leur fils ait un comportement répréhensible.
La Cour
Il n'est pas contesté que l'accident s'est produit alors que les deux enfants se trouvaient l'un près de l'autre pour réaliser un exercice de corde lorsque celle-ci s'est échappée de la main de Jamel. Ce dernier a bien commis un acte qui est la cause directe et unique du dommage causé à la victime. Il résulte de l'article L.911-4 du Code de l'éducation, que la responsabilité de l'État, substituée à celle de l'instituteur ne peut être retenue que si une faute est invoquée contre celui-ci par le demandeur.
Or il ne peut être reproché à l'instituteur d'avoir empêché Jamel d'utiliser la corde de façon non conforme à sa destination. L'enfant utilisait sa corde normalement compte tenu de l'exercice demandé. En outre, ce saut à la corde proposé à des élèves de CM2 ne révélait pas un caractère dangereux, et il n'est démontré aucune brutalité volontaire ou de coups portés de façon déloyale. Enfin, le plan dans le rapport d'accident n'est pas fait à l'échelle : la Cour ne peut retenir une faute de l'enseignant dans la disposition des élèves (alors que cela avait été le cas en première instance).
Par conséquent :
L'appel du préfet est recevable : la responsabilité de l'État, substituée à celle de l'enseignant, n'est ici pas retenue et la responsabilité des parents de Jamel retenue.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.