Interview de Michèle Metoudi
Professeur d'EPS en lycée, ensuite professeur à l'INSEP
(4), à la mission documentation, puis à la mission recherche (en sociologie du sport), et à la mission formation (formation des professeurs d'EPS et des professeurs de sport). Elle est devenue ensuite Professeur des universités (sociologie de l'éducation) et Directrice-adjointe de l'IUFM de Paris (chargée de la formation de formateurs et de la recherche). Elle est partie à la retraite en 2011.
Être inspectrice générale » c'est quoi ?
Les deux missions principales sont :
- le suivi de la politique éducative, des enseignements, du fonctionnement pédagogique des établissements, et particulièrement le suivi des réformes,
- la réalisation d'études thématiques, de travaux de réflexion transmis au ministre qui lui permettent d'orienter et d'organiser la politique qu'il veut mettre en œuvre.
L'inspecteur général, s'assure du bon fonctionnement de l'école et plus spécifiquement d'une discipline. Il en rend compte au ministre afin de maintenir et l'égalité des chances par rapport à l'enseignement de cette discipline.
Un mot-clé pour décrire votre fonction ?
Le mot « veilleur » : être inspectrice générale, c'est exercer une mission de veille permanente, une veille pour informer le ministre et son cabinet, d'une part et, d'autre part, une veille pour vérifier : vigilance au niveau des types de formation, des contenus de formation, des programmes, des méthodes pédagogiques et des moyens employés pour mettre en œuvre la politique éducative. Le contrôle effectif de l'application des directives nationales est l'une de nos missions. Par ailleurs, et cela tient une part importante dans leur action, les IG formulent des avis et propositions. Ils impulsent les actions éducatives sur le terrain afin de soutenir et accompagner la mise en place des réformes.
Quelle est la réalité de cette mission de « veilleur » ?
Je me rends dans les établissements scolaires pour voir si les programmes sont appliqués, si les dispositifs mis en place au niveau national posent des difficultés ou au contraire s'ils sont synonymes de réussite pour les élèves. Afin que tout le territoire soit couvert j'exerce ses responsabilités dans certaines académies au sein de collèges académiques représentant l'ensemble des disciplines d'enseignement, à l'instar de tous mes collègues.
À la suite des visites de ces académies, des constats sont dressés lesquels expriment à la fois les facteurs qui freinent l'application de telle ou telle mesure mais aussi ce qui peut ne pas être conforme à ce qui a été décidé par le ministre. Ces avis sont transmis au ministre sous forme de notes (états des lieux ou notes d'alerte, selon les cas) ; quand il s'agit d'études lourdes, demandant un long temps d'investigation, des notes d'étape sont rédigées rendant compte de l'avancée des travaux et livrant des données partielles.
Travaillez-vous avec l'Inspection générale de l'Administration de l'Éducation nationale et de la Recherche (IGAENR) ?
Effectivement, un IG peut être amené à intervenir à tout moment sur des missions particulières au sein d'une équipe de l'IGEN, mais aussi en collaboration avec l'IGAENR sur des thèmes d'actualité. En ce moment, par exemple, des inspecteurs généraux du groupe Éducation Physique et Sportive sont sollicités pour enrichir la réflexion sur les rythmes scolaires ; tout en répondant à la problématique générale, ils font un zoom sur la place de l'éducation physique et réfléchissent à la meilleure intégration de la discipline dans le temps scolaire pour favoriser la réussite des élèves.
Pouvez-vous décider de travailler sur une thématique particulière ?
Oui, les groupes disciplinaires peuvent se saisir d'une problématique particulière et rendre compte au ministre de leurs travaux. Ce fut récemment le cas quand le groupe EPS s'est saisi de la question du « savoir nager » : il s'agissait de savoir le plus précisément possible où en est la population des élèves quant à cette compétence inscrite dans le socle commun. Dans la même logique, le groupe Éducation Physique et Sportive pourrait, dans un avenir proche, travailler avec le groupe Sciences et Vie de la Terre, autour des thématiques de la santé et de la sédentarité des élèves.
Vous avez évoqué le groupe EPS, le groupe « Sciences et Vie de la Terre », les inspecteurs généraux sont répartis en groupes ?
Oui, en 14 groupes : douze groupes disciplinaires
(5) qui correspondent aux matières enseignées dans les lycées et collèges et deux groupes de spécialités : celui de « l'enseignement primaire » et le groupe « établissement et vie scolaire ».
Qui sont les « Doyens » de l'Inspection générale ?
Les travaux de chacun des groupes disciplinaires sont coordonnés par un Doyen. En ce qui concerne le groupe EPS, le Doyen est actuellement M. Jean-Pierre Barrué. L'inspection générale est dirigée par un Doyen général. Celui-ci, nommé par le ministre, anime et organise les activités de l'ensemble de l'IGEN. Il réunit des doyens des 14 groupes tous les mois pour échanger et faire le point sur les travaux disciplinaires et de spécialité. Le Doyen de l'inspection générale est actuellement M. Jean-Yves Daniel.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, mise à jour avril 2013.