Le chef d'établissement, principal de collège et proviseur de lycée
Dans le cadre du protocole d'accord
(11) relatif aux personnels de direction, sous l'autorité du recteur et de l'inspecteur d'académie, le chef d'établissement exerce les missions qui sont les siennes. Pour les mener à bien, il mobilise ses compétences et celles des membres de l'équipe de direction.
Il est secondé par deux fonctionnaires :
- l'adjoint, qui appartient au corps des personnels de direction et constitue avec le chef d'établissement la direction de l'EPLE ;
- le gestionnaire, qui appartient au corps de l'administration scolaire et universitaire et constitue avec le chef d'établissement et son adjoint l'équipe de direction.
L'établissement public local d'enseignement (collège ou lycée) est dirigé par le chef d'établissement
(12), cette autorité administrative exerce des fonctions essentielles.
Statut
Ce statut a subi à plusieurs reprises de larges modifications. Ainsi, avant 1988, le recrutement s'opérait par liste d'aptitude dressée au niveau national pour les proviseurs et les principaux, au niveau académique pour les principaux adjoints.
Le texte de 1988 a posé une unification des statuts des personnels de direction, désormais recrutés et gérés au niveau national.
Le statut est défini par le décret n° 2007-141 du 1er février 2007, qui modernise et valorise le rôle des chefs d'établissements. Les personnels sont classés dans un corps unique à trois grades et sont recrutés par concours, par liste d'aptitude ou par détachement. Par ailleurs, le nouveau statut reprend le principe d'une mobilité obligatoire au bout de 9 ans passés au sein du même établissement. La notation est supprimée et lui est substituée une procédure d'évaluation périodique du travail et des résultats des personnels de direction sous la responsabilité du recteur. Enfin, le chef d'établissement est soumis au pouvoir hiérarchique de l'autorité académique et du ministre.
Missions
C'est le décret du 30 août 1985
(13) relatif à l'organisation administrative et financière des EPLE qui précise les prérogatives dont le chef d'établissement dispose en tant qu'organe exécutif de l'établissement mais aussi en tant que représentant de l'État.
Le proviseur (ou le principal) assure avec son adjoint le pilotage pédagogique, éducatif et administratif de l'établissement, notamment dans le cadre de la lettre de mission que lui adresse le recteur.
À sa prise de fonction, chaque chef d'établissement reçoit ce document, établi pour trois ans et élaboré en fonction du diagnostic de la situation qu'il a proposé à sa hiérarchie (ou son prédécesseur). C'est à partir du degré d'atteinte des objectifs impartis dans cette lettre de mission que son évaluation sera réalisée par le recteur. C'est l'élément clé d'un dialogue institutionnel entre le chef d'établissement et sa hiérarchie.
La circulaire n° 2005-156 du 30 septembre 2005
(14) a davantage encore précisé les missions du chef d'établissement pour améliorer le pilotage des établissements aussi bien par le chef d'établissement que par le conseil d'administration. Parmi les dispositions contenues dans cette circulaire, le « projet de contrat d'objectifs » définit les buts à atteindre à une échéance pluriannuelle (3 à 5 ans) sous forme de programmes d'actions.
En tout état de cause :
- Il représente l'État : il est à ce titre porteur de finalités et d'objectifs définis par le ministère de l'Éducation nationale, il inscrit son action dans les limites définies par les textes législatifs et réglementaires, il est garant de la sécurité des personnes et des biens.
- Il dirige l'établissement : il impulse et conduit la politique pédagogique et éducative de l'établissement, visant la réussite de tous les élèves, il pilote le projet d'établissement en y associant tous les partenaires de la communauté éducative. Dans chaque établissement, le projet d'établissement définit sous forme d'objectifs et de programmes d'actions les modalités particulières de mise en œuvre des programmes nationaux et des orientations nationales et académiques, et précise les activités scolaires et périscolaires qui y concourent.
Le chef d'établissement, exécutif de l'EPLE
Dans ce cadre, le chef d'établissement :
- assure la représentation juridique du lycée ou du collège et, sur autorisation du conseil d'administration, représente l'EPLE en justice ainsi que dans tous les actes de la vie civile. Il signe contrats et conventions (l'autorisation du CA est ici expresse) ;
- prépare le budget(15), le soumet au vote du conseil d'administration et en assure l'exécution : il est ordonnateur des recettes et des dépenses de l'établissement ;
- veille au bon déroulement des élections dont il convoque les membres, en séance ordinaire ou extraordinaire, et prépare l'ordre du jour qui est adopté en début de séance ;
- préside le conseil d'administration et la commission permanente (chargée de préparer les travaux du conseil d'administration), et préside les conseils de classe et les conseils de délégués d'élèves dans les lycées ;
- est responsable de la transmission des actes administratifs et budgétaires aux différentes autorités (académies et collectivités de rattachement) pour les rendre exécutoires(16) ;
- recrute les personnels contractuels : la délibération du conseil d'administration (CA) doit en approuver le principe mais aussi en préciser les modalités. S'il n'est nullement tenu de réaliser tous les recrutements autorisés par le CA, il ne peut embaucher plus de personnes que prévu ;
- a autorité sur les personnels recrutés par l'établissement : contractuels de droit public ou de droit privé. Lorsque l'établissement est support d'un GRETA, il a la même autorité sur les personnels de formation continue et sur les personnels administratifs.
Le chef d'établissement, représentant de l'État dans l'EPLE
Les compétences du principal et du proviseur s'exercent alors dans plusieurs domaines :
Maintien de l'ordre
Il veille au bon fonctionnement de l'établissement et détient à cet effet des pouvoirs de police. Il a le pouvoir d'interdire l'accès aux locaux, voire même de suspendre des enseignements. En cas de difficultés graves dans le fonctionnement de l'établissement, il peut, pour assurer le bon fonctionnement du service public, prendre toutes les dispositions nécessaires. Il en informe le conseil d'administration et rend compte à l'autorité académique, au maire et au président du département pour les collèges, au président de la région pour les lycées.
Sécurité
Il prend toutes les mesures pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Il met en œuvre les dispositions relatives à la lutte contre l'incendie et les risques de panique dans les collèges ou les lycées. Il veille par conséquent à ce que les locaux, les installations et les équipements soient maintenus et entretenus en conformité avec les dispositions réglementaires. Il préside la commission d'hygiène et de sécurité. En cas d'urgence, il prend les dispositions nécessaires à la mise en sécurité des personnes et des biens.
Discipline
Il dispose d'un pouvoir propre
(17) pour prononcer les sanctions, de l'avertissement à l'exclusion temporaire de huit jours maximum. Pour les sanctions plus graves, il saisit le conseil de discipline qui se prononce. En revanche, il ne dispose d'aucun pouvoir disciplinaire à l'égard des agents de l'État affectés dans son établissement.
Action éducative
Il met en place les enseignements et veille à leur bon déroulement conformément aux objectifs, horaires et programmes définis par les instructions officielles. Il veille au respect des droits et devoirs de tous les membres de la communauté éducative et assure l'application du règlement intérieur. Il organise les élections du conseil de la vie lycéenne
(18).
Orientation des élèves
Il facilite les conditions d'émergence du projet personnel de chaque élève, il conçoit en accord avec le conseil d'administration la politique d'orientation en fonction des dispositions nationales et académiques et met en œuvre les procédures en y associant les conseillers d'orientation-psychologues. Enfin, il facilite le dialogue entre l'élève, les parents, les enseignants et les personnels d'orientation : un programme de rencontre est établi et il lui revient de prendre les décisions relatives à l'orientation des élèves.
Liens avec l'environnement
Il participe à des réseaux d'établissements et assure avec le gestionnaire les relations indispensables avec la collectivité de rattachement (maintenance, modernisation et sécurité des locaux).
Gestion du personnel
Il a autorité sur le personnel d'État affecté ou mis à sa disposition. Personnels enseignants et non enseignants doivent se conformer à ses instructions. Il procède à leur installation et fixe leur service en fonction de leur statut. En revanche, les services administratifs et ouvriers sont sous l'autorité du gestionnaire, lui-même sous l'autorité du chef d'établissement.
Être chef d'établissement au quotidien
Outre les missions ci-dessus évoquées, l'année scolaire d'un chef d'établissement, qu'il dirige un collège ou un lycée (il n'enseigne pas, contrairement à son collègue du primaire), se caractérise par un calendrier très précis où chaque période de l'année définit un certain nombre de tâches.
Fin août, début septembre
Organisation de la prérentrée et de la rentrée, autrement dit nombreux contacts avec l'IA ou le rectorat (ajustements et nominations), vérification des emplois du temps des enseignants
(19), contrôle avec le service de la vie scolaire afin de voir si tous les documents de rentrée sont prêts, et déjà élaboration du planning des permanences administratives (pour les « petites vacances ».)
Septembre, octobre
Préparation du premier conseil d'administration, impliquant l'organisation des élections, la connaissance de la situation budgétaire et les instances à mettre en place : la commission permanente, le conseil de discipline, etc. Il est indispensable d'organiser l'évaluation en 6e et en seconde, ou encore de s'attacher au fonctionnement de l'association sportive (UNSS) et du foyer socio-éducatif, enfin de penser à la sécurité par l'organisation d'exercices d'évacuation des locaux.
Octobre, novembre
C'est la période où l'on prépare déjà les grands dossiers de la rentrée suivante : création de nouvelles structures, détermination des futures priorités de l'établissement en accord avec l'équipe éducative. Il s'agit aussi d'anticiper sur la préparation des dossiers de demande d'équipement à destination des collectivités territoriales. C'est le temps des premiers conseils de classe.
Décembre, janvier
C'est le moment, en général, de la mise en place des semaines de l'orientation, des journées « portes ouvertes », des déplacements à des forums sur l'orientation.
Janvier, février, mars
Commence alors la phase de demande de mutations des enseignants, avec également leur notation. Il faut également penser aux examens blancs, et dans le même temps préparer le deuxième CA et autres réunions, suites de celles du 1er trimestre.
Avril, mai, juin
Comme la période de rentrée, celle de la fin de l'année scolaire, est chargée : orientation, conseils de classes de fin d'année, organisation de conseils d'enseignement pour le choix des manuels de l'année suivante, propositions de répartition des services des enseignants, collecte des vœux des enseignants.
S'ajoute à cela l'organisation des examens lorsque l'établissement en est le lieu : convocation des élèves, des professeurs, et constitution des jurys. Il faut aussi préparer le dernier conseil d'administration avec le compte financier et le rapport annuel du chef d'établissement. Enfin, les dernières régulations sont apportées quant au service de permanence
(20) des grandes vacances (envisagé dès le mois de mars) et il faut penser, de nouveau, aux emplois du temps… de la rentrée suivante.
Ce calendrier est succinct et concis : il détaille sans prétendre être exhaustif une partie de toutes les tâches accomplies par le chef d'établissement et son équipe, la répartition du travail pouvant varier d'un établissement à l'autre selon les mois de l'année (toutefois les établissements sont tous soumis aux mêmes directives nationales).