La lutte contre l'échec scolaire (Mise à jour)
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Introduction

Introduction

© PHOVOIR
La notion d'échec scolaire est assez récente. Il n'en demeure pas moins qu'un élève « en échec » est en rupture par rapport à l'institution, au travail et aux savoirs scolaires.
La loi du 23 avril 2005 prévoit dans son article 16 qu'« à tout moment de la scolarité obligatoire, lorsqu'il apparaît qu'un élève risque de ne pas maîtriser les connaissances et les compétences indispensables à la fin d'un cycle, le directeur d'école ou le chef d'établissement propose aux parents ou au responsable légal de l'élève de mettre en place un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE).(1) »
De nombreux outils (pendant et hors temps scolaire) sont mis en place pour lutter contre l'échec scolaire. Il est ici utile de faire le point sur les dispositifs existants.
(1)Lire à ce propos le rapport n° 2005-048 de l'Inspection générale de l'Éducation nationale, Programmes personnalisés de réussite éducative, juin 2006.
L'éducation prioritaire

L'éducation prioritaire

La politique de l'éducation prioritaire, mise en place en 1981, s'appuie sur une discrimination positive dans l'emploi des moyens publics au service de l'égalité des chances. Elle constitue une réponse aux difficultés sociales et scolaires concentrées dans certains établissements.
L'éducation prioritaire a été au cœur des discussions qui ont eu lieu lors de la concertation pour la refondation de l'École en 2012. La circulaire du 4 juin 2014 a établi une nouvelle désignation des territoires en difficulté : on parle désormais de réseaux d'éducation prioritaire (REP) – et de REP+ pour ceux concentrant les plus grandes difficultés –, les réseaux ÉCLAIR et RRS disparaissant du même fait.
Si la volonté de réduire les retards en matière de résultats scolaires restait clairement énoncée, c'est au niveau essentiellement des démarches pédagogiques qu'une évolution était attendue. Dans cette perspective :
  • on a mis en place le conseil école-collège pour faciliter le passage de l'école primaire au collège et ainsi améliorer la continuité des apprentissages ;
  • on a maintenu les dispositifs d'aide existants comme le programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) ;
  • on a renforcé l'action des maîtres avec la mise en place du dispositif « Plus de maîtres que de classes » (circulaire du 18 décembre 2012), prioritairement installé dans les REP+, puis dans les REP, par la suite généralisé à l'ensemble des zones en difficulté.
Il s'agit dès lors d'encourager des formes d'intervention inhabituelles : co-observation et co-intervention devant des petits groupes d'élèves afin de croiser les regards pour améliorer la qualité d'analyse des erreurs et rendre plus efficace la démarche d'apprentissage. Cette organisation vise particulièrement le cycle 2 afin d'asseoir plus largement, pour tous les élèves, les compétences fondamentales, au premier rang desquelles la maîtrise de la lecture.
Le rôle de l'évaluation diagnostique à partir de supports référencés est rappelé, le traitement des données par une équipe élargie au RASED est encouragé. Ces éléments concourent à l'identification des besoins individuels des élèves afin d'apporter des réponses adaptées et de permettre la réussite de tous, objectif premier de la politique d'éducation mise en place.
Le pilotage du réseau par les corps d'inspection est encore renforcé. Son aide et son soutien auprès des équipes sont soulignés, au moment de l'accueil mais aussi en termes d'accompagnement et de formation.
La période 2017-2018 est marquée par la généralisation du dispositif de dédoublement des classes de CP et CE1 en REP et REP+, mesure initialement déployée dans le cadre de l'objectif de 100 % de réussite au CP et destinée à améliorer la réussite scolaire en réduisant les effectifs par classe, pour permettre un accompagnement personnalisé. Les élèves doivent maîtriser les enseignements fondamentaux à la sortie de l'école primaire (lire, écrire, compter et respecter autrui).
Le réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED)

Le réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED)

La circulaire n° 2014-107 du 18 août 2014
Apparus en 1990, les RASED ont pour mission de fournir des aides spécialisées à des élèves en difficulté dans les classes ordinaires des écoles primaires, à la demande des enseignants de ces classes.
Le RASED constitue un dispositif-ressource de circonscription pour aider à la mise en œuvre de réponses pédagogiques adaptées à la variété des besoins des élèves. Il est piloté par l'inspecteur de l'Éducation nationale (IEN), qui assure la responsabilité de son fonctionnement et de son organisation. Il accompagne et complète les mesures prises par le maître de la classe et l'équipe pédagogique, mesures qu'il a pu contribuer à définir dans certains cas. Certains départements ont mis en place un « correspondant RASED » par école : c'est un interlocuteur privilégié de l'école qui alerte ses collègues du réseau quand des enseignants demandent la présence de personnels spécialisés pour un élève.
L'action du RASED repose sur une indispensable collaboration entre ses membres mais aussi avec les enseignants des écoles, voire avec des partenaires sociaux ou des professionnels de la santé, afin de partager les analyses, de coordonner les démarches et de rendre leurs effets plus efficaces.
Des circonscriptions ont élaboré des documents de « demande d'aide spécialisée » ou de « demande d'intervention ». De manière générale, un travail régulier entre équipes pédagogiques et membres des RASED, associant médecin et infirmières de l'Éducation nationale, permet la confrontation et la synthèse d'approches différentes, et ne peut que faciliter la prise en charge des difficultés que les écoles rencontrent.
Le conseil d'école est, bien évidemment, tenu informé de l'organisation de ces aides spécialisées.
Les RASED comprennent des enseignants spécialisés chargés des aides à dominante pédagogique – E (difficultés d'apprentissage) –, des enseignants spécialisés chargés des aides à dominante rééducative – G (difficultés d'adaptation à l'école) –, et des psychologues scolaires.
Ils renforcent les équipes pédagogiques des écoles, les aident à analyser les situations des élèves en grande difficulté et à construire des réponses adaptées : « Dans le cadre du cycle de consolidation, les membres du RASED sont mobilisés pour un travail de liaison et de coordination permettant le suivi du parcours des élèves de classes de 6e ayant rencontré des difficultés à l'école élémentaire. »(2)
Lorsqu'un élève éprouve des difficultés dans ses apprentissages, l'enseignant spécialisé aide le maître à :
  • identifier les obstacles à la réussite ;
  • établir des objectifs avec l'élève en difficulté ;
  • proposer des situations, activités, supports, échéances et modalités d'évaluation.
L'aide spécialisée vise à remédier aux difficultés qui résistent aux aides que le maître de la classe apporte. Elle permet de prévenir leur apparition chez des élèves ayant une fragilité particulière.
Les formes d'intervention
Les aides spécialisées peuvent intervenir à tout moment de la scolarité à l'école primaire. Elles s'organisent autour d'un projet qui donne lieu à un document écrit qui définit la cohérence entre les différentes aides apportées, clarifie les objectifs de l'aide spécialisée, envisage sa durée et précise comment l'évaluation sera conduite. Selon les besoins de l'élève, ces aides peuvent prendre différentes formes. Elles ont lieu pendant les heures de classe.
Les aides spécialisées à dominante pédagogique
Ces aides concernent les élèves qui ont des difficultés pour comprendre et apprendre alors qu'ils en ont les capacités. Elles ont pour objectifs :
  • la maîtrise des méthodes et techniques de travail ;
  • la stabilisation des acquis, leur appropriation et la progression des savoirs ;
  • la prise de conscience de ce qui conduit à la réussite.
Les enseignants spécialisés titulaires du CAPPEI (Certificat d'aptitude professionnelle aux pratiques de l'éducation inclusive), qui a remplacé le CAPA-SH option E, assurent ces aides.
Les aides spécialisées à dominante rééducative
Ces aides concernent les élèves qui ont des difficultés à s'adapter aux exigences scolaires. Elles ont pour objectifs :
  • le développement de l'envie d'apprendre ;
  • l'adaptation des comportements en milieu scolaire.
Les enseignants spécialisés titulaires du CAPPEI, qui a remplacé le CAPA-SH option G, assurent ces aides.
Le suivi psychologique
En cas de difficultés importantes, le psychologue scolaire réalise un bilan approfondi de la situation de l'enfant, en concertation avec les parents, et suit son évolution. Il peut proposer des entretiens aux enseignants et aux parents pour chercher des solutions adaptées au sein de l'école ou à l'extérieur.
Plus d'informations : www.education.gouv.fr
(2)Circulaire n° 2014-107 du 18 août 2014, www.education.gouv.fr.
Les dispositifs relais

Les dispositifs relais

Les dispositifs relais (classes, ateliers, internats tremplins) accueillent des élèves de collège, éventuellement de lycée, entrés dans un processus de rejet de l'institution scolaire qui peut se traduire par des manquements graves et répétés au règlement intérieur, un absentéisme chronique non justifié, une démotivation profonde dans les apprentissages, voire une déscolarisation. Tout élève fréquentant un dispositif relais a bénéficié au préalable de toutes les mesures d'aide et de soutien prévues au collège et reste sous statut scolaire.
Ces dispositifs ont su montrer, grâce à leur souplesse, leur utilité dans la lutte contre le décrochage scolaire. 454 dispositifs ont fonctionné en 2010-2011 dont 311 classes relais et 143 ateliers relais. Le nombre d'élèves concernés était d'environ 8 880(3).
À la sortie du dispositif relais : 82 % des élèves retournent en collège, 3 % en lycée professionnel, 3 % en CFA(4), 5 % dans des établissements relevant d'autres ministères (Santé, Justice), pour 1 % des élèves, il n'a pas été trouvé de solutions. Pour 6 % des élèves, l'information n'a pas été communiquée.
Les points forts de ces dispositifs se caractérisent par un encadrement renforcé (enseignants et éducateurs, personnels associatifs), un accueil temporaire pour un groupe réduit d'élèves, un partenariat entre l'Éducation nationale, la Protection judiciaire de la jeunesse, les collectivités locales, des associations agréées complémentaires de l'enseignement public et des fondations reconnues d'utilité publique.
À noter
Depuis 2008 se tient la Journée du refus de l'échec scolaire afin d'interpeller l'opinion publique sur la sortie massive chaque année de jeunes sans diplôme du système scolaire.
www.afev.org
(3)Source : eduscol.education.fr.
(4)Centre de formation d'apprentis.
Les activités pédagogiques complémentaires et les stages de remise à niveau

Les activités pédagogiques complémentaires et les stages de remise à niveau

À l'école primaire, deux dispositifs sont disponibles pour les élèves : les activités pédagogiques complémentaires (APC) et les stages de remise à niveau. Ces aides sont assurées par les enseignants.
Les activités pédagogiques complémentaires (APC)
Elles ont été mises en place à partir de la rentrée 2013 en remplacement de l'aide personnalisée qui avait été introduite par la réforme de l'école primaire de 2008. Elles sont définies par la circulaire n°2013-017 du 6 février 2013.
Ces heures font partie des obligations de service des enseignants qui sont responsables de leur organisation et de leur mise en œuvre dans toutes les écoles. Le volume horaire annuel consacré par chaque enseignant aux activités pédagogiques complémentaires avec les élèves est de 36 heures. Non obligatoires pour les élèves, elles s'ajoutent aux 24 heures d'enseignement hebdomadaire dues à tous et nécessitent l'accord des parents concernés.
Les activités pédagogiques complémentaires s'adressent en priorité aux élèves qui rencontrent des difficultés d'apprentissage. L'aide proposée, qui s'organise en groupes restreints, peut par exemple être consacrée à l'amélioration des compétences en français ou en mathématiques à l'école élémentaire. Les enseignants peuvent également offrir aux élèves un soutien dans leur travail personnel ou mettre en œuvre une activité prévue par le projet d'école, le cas échéant en lien avec le projet éducatif territorial de la commune.
Stages de réussite
Les élèves qui en ont besoin peuvent participer quel que soit leur niveau d'enseignement à des stages de remise à niveau. Ils sont organisés pendant les vacances scolaires :
  • une semaine pendant les vacances de printemps,
  • la première semaine de juillet,
  • la dernière semaine des vacances d'été.
Ils se déroulent en petits groupes, sur trois heures quotidiennes pendant cinq jours. Ils sont animés par des enseignants volontaires, qui sont rémunérés en heures supplémentaires. À la fin d'un stage, les progrès de chaque élève sont évalués et transmis à son enseignant et à sa famille.
Quelques chiffres
En 2011-2012, 29 % des élèves de l'école primaire ont bénéficié du dispositif de l'aide personnalisée, 34 % pour les élèves des classes élémentaires.
Près de 260 000 élèves ont suivi un stage de remise à niveau en CM1 ou en CM2, mais aussi pour certains en CE1 entre le printemps et l'été 2012.
Devoirs faits
Ce dispositif s'adresse prioritairement aux collégiens qui ne bénéficient pas de conditions favorables à la maison pour réaliser leurs devoirs. Proposé aux élèves au sein de leur établissement, en dehors des heures de cours, il offre aux élèves un temps d'étude accompagné.Ce dispositif est devenu obligatoire depuis la rentrée 2023 pour tous les élèves de 6e et devrait concerner également les élèves de 4e et 3e à partir de la rentrée 2025 sous la forme d'une heure hebdomadaire obligatoire.
L'accompagnement éducatif
L'accompagnement éducatif accueille les collégiens et les élèves des écoles élémentaires de l'éducation prioritaire qui le souhaitent, après les cours. Le dispositif propose une aide aux devoirs et aux leçons, la pratique de l'anglais oral, d'un sport ou une ouverture sur l'art et de la culture. C'est un temps passerelle entre l'école et la famille.
Quatre domaines sont privilégiés :
  • l'aide aux devoirs,
  • la pratique sportive,
  • la pratique artistique et culturelle,
  • la pratique orale des langues vivantes (au collège).
La part de ces différents domaines peut varier au cours de la semaine et pendant l'année, selon les formules définies par l'école ou le collège dans le cadre de son projet d'accompagnement éducatif. Les activités sont encadrées principalement par des enseignants volontaires et des assistants d'éducation. Elles mobilisent la communauté éducative et peuvent faire appel à des intervenants extérieurs, qui apportent au dispositif des compétences spécifiques.
L'aide aux devoirs et aux leçons
Les élèves peuvent approfondir le travail fait en classe ou réaliser les devoirs demandés par les enseignants ou encore trouver une aide, si nécessaire. S'ils n'ont pas besoin d'aide particulière, ils peuvent bénéficier de moments d'apprentissages différents. Cette aide méthodologique peut se traduire par un approfondissement disciplinaire, par de la lecture, par du travail sur un projet interdisciplinaire, par des recherches documentaires, par des ateliers scientifiques, par la pratique des langues vivantes.
La pratique sportive
Les élèves ont la possibilité de s'initier à différentes activités sportives (collaboration avec l'USEP(5)) qui peuvent être proposées notamment par l'association sportive du collège.
La pratique artistique et culturelle
Tous les domaines et toutes les formes de l'art et de la culture sont envisageables. L'offre dépend des possibilités des établissements scolaires, des structures culturelles et des intervenants extérieurs. L'accompagnement éducatif peut favoriser l'accès des élèves aux technologies usuelles de l'information et de la communication et permettre une utilisation riche et variée des outils numériques.
Pour faciliter ces pratiques, l'accès au CDI(6) ou à la bibliothèque est facilité pendant les créneaux horaires de l'accompagnement éducatif.
La pratique d'une langue vivante étrangère (l'anglais, principalement)
Les professeurs sont secondés par des assistants d'éducation, des assistants pédagogiques et des assistants de langue. Certaines activités sont animées par des intervenants d'associations agréées, des artistes, des étudiants, des personnels des collectivités territoriales…
Enquête DGESCO réalisée en juin 2011
  • 2 811 écoles élémentaires publiques de l'éducation prioritaire ont mis en place le dispositif.
  • 5 200 collèges publics ont mis en place l'accompagnement éducatif ; 780 624 collégiens du public, soit près de 33 % des élèves des collèges concernés, bénéficient d'un accompagnement éducatif.
  • Élèves de 6e : 44 % ; élèves de 5e : 35,6 % ; élèves de 4e : 27,4 % ; élèves de 3e : 27,4 %.
(5)Union sportive de l'enseignement du premier degré.
(6)Centre de documentation et d'information.
Pour aller plus loin

Pour aller plus loin

  • Comment en finir avec l'échec scolaire : les mesures efficaces, Catherine Moisan, IGEN, OCDE, 2011.
  • « Étude exploratoire sur les jeunes décrocheurs », enquête réalisée de avril à juin 2012 auprès de 186 jeunes décrocheurs en processus de raccrochage par l'AFEV et analysée par Trajectoires — www.afev.org
Mise à jour novembre 2024.