Les écoles de la deuxième chance (E2C) (mis à jour)
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Introduction

Introduction

En France, en 2021, 45,4 % des jeunes sortis du système éducatif depuis 1 à 4 ans, sans diplôme ou titulaires du brevet, étaient au chômage. Cette proportion était de 24 % pour les jeunes titulaires d'un CAP ou BEP(1).
« Donner une Deuxième Chance », c'est apporter les moyens à des jeunes et jeunes adultes menacés d'exclusion, de reprendre pied en formulant, puis en réussissant un projet professionnel. Cette « autre école » s'appuie sur les qualités, les compétences déjà mises en œuvre, les points forts révélés par l'histoire personnelle de ces « élèves » pour dégager, dans la durée parfois, des pistes de réussite personnelle : ce sont les écoles de la deuxième chance.
(1)Source : Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP).
Les E2C : la création

Les E2C : la création

Elles ont été mises en place par le décret du 13 décembre 2007. Ce sont des établissements ou des organismes de formation gérés par toute personne physique ou morale auxquels a été attribué, sur leur demande, le label « École de la deuxième chance ». Elles s'adressent aux jeunes de moins de 26 ans sortis du système éducatif depuis au moins un an, avec ou sans diplôme, et sans emploi ; 91% des jeunes des E2C ne disposent pas de diplôme équivalent à un CAP ou un BEP.
Le label est délivré pour 3 ans par l'association « Réseau des E2C » en France suivant des critères définis par l'association.
Le réseau des écoles de la deuxième chance compte 146 sites-écoles répartis dans 12 régions, 64 départements et 5 régions ultrapériphériques. Son développement se poursuit afin d'assurer une couverture complète du territoire en ouvrant de nouvelles écoles. En 2021, plus de 15 000 jeunes ont été accueillis dans les écoles de la deuxième chance.
Les objectifs de l'E2C

Les objectifs de l'E2C

C'est Édith Cresson, le 18 juin 2009, lors de l'inauguration de l'école des Mureaux (78) qui formulait déjà des objectifs de manière précise et claire : « Permettre à des jeunes qui, pour toutes sortes de raisons, n'ont pas pu profiter du système scolaire et qui sont pourtant aussi intelligents que les autres et largement plus débrouillards, de pouvoir accéder à ces fameuses notions de base indispensables pour trouver un emploi. Mais il n'y a pas que cela, c'était aussi de les faire sortir de leur milieu, découvrir la société, comprendre le monde. »
Les E2C s'adressent aux publics les plus fragilisés ayant connu des situations d'échecs scolaires répétées et qui rencontrent des difficultés d'adaptation à l'environnement économique se cumulant avec d'autres problématiques : problématiques judiciaires, de santé, de logement…
L'alternance est au cœur du dispositif qui a pour objectif de privilégier la maîtrise des savoirs de base (lire, écrire, compter, notions de base d'une langue étrangère, pratique de l'informatique) tout en faisant découvrir à ces jeunes adultes le monde de l'entreprise dont la connaissance va l'aider à trouver sa voie. Les entreprises sont des lieux privilégiés d'acquisition de compétences techniques et de gestes professionnels. Aussi, leur engagement dans le dispositif constitue une des clés de réussite des écoles en participant à la construction du projet professionnel du jeune avec les équipes pédagogiques, en organisant des stages et proposant, le cas échant, des emplois.
Les acteurs

Les acteurs

Le législateur
Les écoles disposent de moyens spécifiquement dédiés, tant en locaux qu'en personnel. Sur le plan financier, c'est le conseil régional qui est le principal financeur d'une école ; il est également l'unique financeur de la rémunération des bénéficiaires comme stagiaires de la formation professionnelle. Depuis 2009, l'État contribue financièrement au déploiement des E2C sur le territoire, dans le cadre d'un partenariat étroit avec les régions et l'ensemble des partenaires locaux. Il y a là une logique de cofinancement avec les collectivités territoriales et le Fonds social européen (FSE). Les écoles labellisées peuvent, en outre, percevoir des versements exonératoires de la taxe d'apprentissage.
Les E2C s'adressent aux jeunes de 18 à 25 ans (dans certains cas on peut aller au-delà de 25 ans). C'est en effet une obligation si l'on prend en considération :
  • l'hétérogénéité des jeunes accueillis à l'E2C,
  • le principe d'une rentrée en continu dans le dispositif.
Mais cela correspond aussi à la conviction de la nécessité, pour chacun des jeunes, de se placer en situation d'acteur de sa propre formation, vers la conquête de son autonomie.
Le parcours de formation dure en général de 4 à 18 mois, selon le rythme de chacun pour parvenir à la maîtrise des savoirs de base : lire, écrire, compter, notions d'informatique, notions de base de pratique d'une langue étrangère. Pendant cette période, les jeunes font des stages dans des entreprises de la région où est implantée l'école pour découvrir le monde du travail avec ses contraintes et ses possibilités. La formation est très personnalisée : chaque « élève » est suivi par un adulte « référent » avec qui il peut s'entretenir de ses problèmes tant pédagogiques que personnels.
Les enseignants viennent de l'Éducation nationale mais peuvent aussi avoir une expérience différente. Le point important est la motivation et la capacité à transmettre son savoir à un public en difficulté qu'il s'agit de suivre avec attention et d'encourager.
Dans l'entreprise, c'est un tuteur qui prend le relais. Les stages sont nombreux et systématiques. Ils constituent la moitié du temps passé à l'E2C et visent à étayer le projet professionnel. Chaque stage donne lieu à un bilan établi par le tuteur en entreprise, le stagiaire et un formateur. La synthèse de ces bilans sur le comportement en entreprise et l'acquisition des savoirs professionnels est intégrée dans le « carnet de compétences ».
Les entreprises doivent permettre d'intégrer dans l'École les exigences du monde économique. Cela se traduit par :
  • la construction ou/et la validation du projet professionnel des stagiaires,
  • la prospection et le développement des partenariats avec les entreprises,
  • les positionnements en entreprise, réalisés en fonction du profil et des compétences de chaque stagiaire,
  • l'établissement et la concrétisation des conventions de stage et des contrats,
  • la gestion des relations avec les tuteurs.
L'enchaînement des stages proposés dans le parcours pédagogique des E2C doit permettre :
  • une réelle formation des jeunes stagiaires,
  • de favoriser leur capacité d'adaptation et donc leur mobilité professionnelle future,
  • de déboucher sur un emploi stable.
Le travail avec les entreprises permet non seulement d'impliquer la direction des entreprises partenaires, mais aussi les tuteurs qui encadrent les jeunes au quotidien durant le stage. Le rôle de ces derniers est en effet déterminant : certes ils doivent transmettre un savoir et un savoir-faire, mais ils doivent aussi veiller à l'accueil et au suivi des stagiaires, bref transmettre, au moins pour partie, un savoir-être dans l'environnement « entreprise ».
À la fin du parcours, le jeune obtient un certificat qui indique son niveau de compétences et qui lui est utile pour entrer dans la vie active. Pendant toute la durée de sa scolarité, il est rémunéré au titre de la formation professionnelle.
Le Réseau E2C France et la Fondation des E2C

Le Réseau E2C France et la Fondation des E2C

L'ensemble des écoles est réuni au sein de la Fondation des E2C en France. Après mutualisation de leurs expériences, les Écoles de la Deuxième Chance en France ont publié une « Charte des Principes » et créé l'association Réseau E2C France. Ce réseau est un organisme technique qui a pour objet :
  • « d'établir et de défendre les principes fondamentaux qui structurent les E2C en France comme en Europe,
  • de concourir à l'obtention d'une reconnaissance de la Charte des Principes et de la démarche pédagogique des E2C en France,
  • de concourir à l'obtention d'une validation reconnue du parcours des jeunes dans les E2C,
  • de constituer une base de connaissances et d'expériences pour les E2C en projet en France,
  • de concevoir et de proposer des projets pédagogiques communs,
  • d'échanger les principaux projets de développement et les meilleures pratiques mises en œuvre dans les différentes Écoles en France et en Europe. »(2)
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, mis à jour par Maguelone Roch, octobre 2024.
(2)Réseau des E2C France