Historique de la prise en compte spécifique du harcèlement
Jusqu'à la fin des années 2000, les cas de harcèlement ont été traités avec les autres incidents de vie scolaire. Depuis 2009, des plans d'action spécifiques de lutte contre le harcèlement en milieu scolaire sont régulièrement mis en œuvre par le ministère.
Campagne 2012 : « Lutter contre le harcèlement scolaire : l'affaire de tous ! »
En 2012, le sujet devient une priorité à la suite des Assises nationales contre le harcèlement à l'école de mai 2011. L'objectif de la campagne de 2012 est de « sensibiliser, interpeller, et mobiliser les élèves et l'ensemble de la communauté éducative pour faire de la lutte contre le harcèlement à l'École l'affaire de tous ». Le ministère appelait à une mobilisation et un engagement collectif.
Mesures prises :
- lancement de trois clips vidéo réalistes illustrant différentes situations de harcèlement diffusés sur Internet et relayés à la télévision en format plus court (il s'agissait de montrer la cruelle banalité des situations de harcèlement) ;
- création du site agircontreleharcelementalecole.gouv (dont le nom a changé depuis), conçu comme une vaste plateforme de ressources et d'outils pédagogiques et didactiques.
2013 : la lutte contre le harcèlement au cœur de la refondation de l'École de la République
En 2013, la lutte contre toutes les formes de harcèlement est inscrite dans la loi n° 2013-595 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'École de la République et la circulaire n° 2013-100 du 13 août en précise les modalités.
Mesures prises :
- rénovation du site agircontreleharcelementalecole.gouv ;
- instauration de 31 référents académiques à l'écoute des victimes, des familles et des témoins ;
- création de six fiches pratiques pour savoir que faire et d'un guide pour lutter contre la cyberviolence ;
- mise en place d'un plan de formation d'une partie des personnels de chaque établissement pour « mieux identifier et traiter les situations de harcèlement entre élèves » (lettre envoyée aux recteurs, DASEN et chefs d'établissement avec conseils juridiques et recommandations sur les conduites à tenir) ;
- rédaction d'un Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les écoles et établissements publics locaux d'enseignement (EPLE) ;
- campagne télévisée, clips vidéo, animations.
2014 : la circulaire du 4 mars sur la lutte contre le harcèlement dans la fonction publique
En 2014, une circulaire portant sur le harcèlement
(1) est diffusée dans la fonction publique. Une lettre associée à cette circulaire aux ministres et aux préfets appelle à « une mobilisation sans faille » et un « engagement personnel ».
Il s'agissait de rendre visibles les agissements de harcèlement et d'étayer les leviers de prévention. Était rappelée la loi pénale contre les délits de harcèlement sexuel et moral de 2012 (loi n° 2012-954 du 6 août 2012).
Trois caractéristiques de la lutte contre le harcèlement se dégagent alors :
- l'obligation d'appliquer des sanctions contre les harceleurs ;
- la volonté de mettre en place des mesures de protection pour les victimes ;
- la nécessité d'instaurer des mesures de prévention.
2015 : plan ministériel contre le harcèlement scolaire
En 2015, la première journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire a lieu le 5 novembre (la date varie, il s'agit du jeudi qui suit les vacances de la Toussaint).
Le cadre d'un plan ministériel contre le harcèlement met l'accent sur :
- la formation et la sensibilisation des acteurs avec un prévisionnel de 300 000 personnes formées avant fin 2016 ;
- la généralisation des ambassadeurs lycéens chargés de mener des actions dans les établissements scolaires de leur territoire ;
- la création d'un clip de sensibilisation des 7-11 ans (la priorité de l'Éducation nationale, sous l'action de la ministre Najat Vallaud-Belkacem, ciblait le primaire pour sensibiliser dès le plus jeune âge) ;
- la mise en place d'un site internet dédié : www.nonauharcelement.education.gouv.fr ;
- l'implication de la réserve citoyenne dans leurs missions ;
- un programme de formation de formateurs conduit par la délégation ministérielle chargée de la prévention et de la lutte contre la violence en milieu scolaire à l'École supérieure de l'Éducation nationale (ESEN) ;
- la mise à disposition sur le site Eduscol de ressources liées au Protocole de traitement des situations de harcèlement dans les écoles et établissements publics locaux d'enseignement (EPLE) destiné aux professionnels.
Depuis 2021 : programme pHARe, plan global de prévention et de traitement des situations de harcèlement
La lutte contre le harcèlement à l'école constitue l'une des priorités ministérielles, réaffirmée par la loi du 2 mars 2022 qui a créé le délit de harcèlement scolaire : les poursuites judiciaires peuvent aller jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 € d'amende dans les cas les plus graves (lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider).
Au quotidien, la lutte contre ce fléau à l'école nécessite un engagement plein de la communauté éducative, qui doit être sensibilisée à la prévention et à la gestion des situations de harcèlement. C'est l'enjeu du programme
pHARe, expérimenté dès 2021, qui a été généralisé aux écoles et collèges en 2022 et étendu aux lycées depuis la rentrée 2023.
La lutte contre le harcèlement en milieu scolaire s'est intensifiée depuis la rentrée 2023. Le renforcement du dispositif pHARE dans les écoles, collèges, lycées est soutenu par le plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire, qui vise à mieux coordonner les services de l'État pour répondre à ce fléau. Le plan s'appuie sur le triptyque « prévention, détection et solution », en axant son action notamment sur la formation généralisée des enseignants et des personnels non-enseignants à l'école, mais également des éducateurs sportifs, des magistrats, policiers et gendarmes notamment.
Le programme pHARe s'appuie sur un réseau de 400 référents académiques et départementaux répartis sur le territoire, chargés de traiter les cas de harcèlement signalés par les chefs d'établissement et grâce à la plateforme d'appel 3018. Élèves et personnels se mobilisent au moyen de plusieurs leviers, mis en place au niveau des EPLE dans le second degré, et de la circonscription dans le premier degré :
• Une équipe ressource (professeurs, psychologues, infirmiers, CPE…) est formée pour appliquer le
protocole de prise en charge des situations de harcèlement. Au minimum 5 personnels sont mobilisés par circonscription dans le 1er degré, et 5 par établissement dans le second degré. Les directeurs d'école ont la responsabilité de suivre les situations de harcèlement et d'informer régulièrement l'IEN de leur évolution. Ils peuvent demander l'appui de l'équipe ressource de la circonscription, qui, sous la coordination des responsables départementaux, les accompagne pour traiter les situations de harcèlement. Dans le second degré, les chefs d'établissement sont responsables de la mise en œuvre du plan de prévention et de lutte contre le harcèlement au sein de leur établissement. Ils bénéficient de l'appui de l'équipe ressource, et doivent désigner au moins un coordinateur harcèlement formé, qui est chargé notamment d'accompagner le chef d'établissement dans la gestion et le suivi des situations de harcèlement, mais aussi du suivi des partenariats de l'établissement avec les écoles et collèges, les collectivités territoriales, les forces de sécurité intérieure, les associations agréées, entre autres.
• Une équipe programme organise 10 heures d'apprentissage par an sur la prévention du harcèlement et le développement des compétences psychosociales pour les élèves, du CP à la terminale.
• Des élèves ambassadeurs pHARe sont formés dans le second degré.
• En novembre 2023, le ministère a mis en place un questionnaire anonyme à destination de tous les élèves du CE2 jusqu'à la terminale, reconduit chaque année au mois de novembre. Les résultats sont analysés et rendus publics sous forme d'un baromètre annuel du harcèlement scolaire.
Plusieurs événements mobilisateurs rythment le calendrier scolaire :