Le dispositif EMILE
EMILE
(1) est un dispositif pédagogique qui prévoit l'enseignement de tout ou partie d'une discipline en langue vivante étrangère. Celle-ci est nommée « discipline non linguistique
(2) » Cette organisation pédagogique a véritablement commencé à se diffuser en Europe dans les années 1990. L'objectif est de permettre aux élèves d'acquérir des compétences linguistiques proches de celles dont disposent les natifs de l'autre langue apprise.
C'est une approche méthodologique innovante qui dépasse l'enseignement des langues : la langue et la matière non linguistique sont toutes les deux des objets d'apprentissage, sans que l'une le soit plus que l'autre. La réalisation de ce double objectif requiert une approche particulière de l'enseignement : l'apprentissage ne se fait pas seulement dans une langue étrangère, il implique une approche intégrée de l'enseignement. Il s'agit ici de ce que l'on appelle en didactique « une situation de communication authentique ».
Dans la grande majorité des pays proposant un enseignement EMILE, les langues cibles sont à la fois des langues étrangères et des langues régionales et/ou minoritaires, voire une seconde langue d'État. L'anglais, le français et l'allemand sont les langues étrangères les plus souvent enseignées. Les statistiques nationales disponibles indiquent cependant que ce type d'enseignement concerne entre 3 % et 30 % des élèves.
Dans l'enseignement secondaire, une douzaine de pays privilégient les matières scientifiques et/ou les sciences sociales pour l'enseignement EMILE. Pour la moitié d'entre eux, le choix est élargi aux matières artistiques et à l'éducation sportive.
Depuis février 2005, une certification complémentaire peut être accordée aux enseignants de disciplines non linguistiques pour enseigner leur discipline dans une langue autre que le français, dans le cadre des sections européennes ou de langues orientales (SELO)
(3).
Dans le même temps, la loi d'orientation du 23 avril 2005 affirme la volonté ministérielle d'augmenter de manière significative le nombre de ces sections et de promouvoir leur développement dans les filières technologiques et professionnelles. À terme, tous les lycées devraient avoir une ou plusieurs sections européennes.
Cette évolution est en parfaite cohérence avec la généralisation de l'apprentissage des langues à l'école primaire. Après quelques années d'apprentissage d'une langue, il apparaît indispensable que les élèves aient la possibilité d'utiliser leurs acquis linguistiques pour accéder à de nouveaux savoirs.
Les sections européennes ou de langues orientales répondent à des objectifs éducatifs et professionnels qui correspondent aux attentes de la société : pratique des échanges internationaux et apprentissage de la mobilité, mise en œuvre de projets conjoints et travail en équipe, formation interculturelle et éducation du futur citoyen européen, préparation d'un projet professionnel…
Dans une section européenne ou de langues orientales, les modalités d'apprentissage répondent à des objectifs pédagogiques et didactiques spécifiques : les différents savoirs disciplinaires ne sont plus présentés uniquement sous l'angle des programmes nationaux : ils sont à la fois mis en perspective et décloisonnés.
La formation à l'enseignement en sections européennes ou de langues orientales est un enjeu majeur pour la formation des enseignants dans les universités. La certification complémentaire valorise les formations initiales et permet aux enseignants titulaires de valider des parcours de formation continue et d'autoformation. Elle garantit également la qualité de l'enseignement dans ces sections en évaluant officiellement les compétences des enseignants.