Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'État prend conscience des fortes disparités entre une France plutôt agricole à l'Ouest et une France industrielle à l'Est. La DATAR est créée en 1963 pour remédier à ces déséquilibres spatiaux. La décentralisation industrielle a permis de transférer des activités (par exemple, l'automobile) vers des villes de l'Ouest (Le Mans, Rennes). L'État a aussi aidé à la reconversion des régions industrielles en déclin (Lorraine, Nord). Des aménagements agricoles ont été réalisés (vallée du Rhône, Durance), ainsi que des infrastructures de transport rapide (TGV).
1. Les années de mise en place
• La parution en 1947 du rapport de Jean-François Gravier, Paris et le désert français, fait prendre conscience aux responsables politiques des principaux déséquilibres du territoire national : opposition Paris-province ; opposition entre une France industrialisée à l'est d'une ligne Le Havre-Marseille et une France rurale à l'ouest ; opposition entre une France jeune au nord et une France vieillie au sud ; déséquilibre croissant entre les villes et les campagnes qui se vident (exode rural). Le contexte des Trente Glorieuses permet à l'État d'engager une politique ambitieuse d'aménagement du territoire.
Dès 1954, il réglemente l'installation et l'extension des établissements industriels dans la région parisienne. De 1963 à 1975, les efforts de l'État s'intensifient et se traduisent par des actions de déconcentration industrielle, mais aussi tertiaire urbaine, avec la création de métropoles d'équilibre. En région parisienne, un Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU) prévoit en 1965 la création de cinq villes nouvelles pour éviter la saturation de Paris. Une politique de développement des transports (autoroutes, aéroports) est engagée en province.
• De grands aménagements sont lancés pour développer les montagnes (plan Neige, 1964), les régions littorales (Languedoc-Roussillon et Aquitaine pour le tourisme, zones industrialo-portuaires à Fos-sur-Mer et à Dunkerque pour l'industrie), et éviter la désertification des espaces ruraux. La protection de l'environnement est mise en avant avec la création de parcs naturels comme celui des Écrins ou du Mercantour dans les Alpes.
2. La crise et l'aménagement du territoire
• L'aménagement du territoire est victime de la crise économique des années 1970. Il se réduit à une politique de création et de protection de l'emploi : 15 pôles de conversion sont créés dans les bassins d'emploi les plus touchés. L'État encourage aussi le développement de technopoles comme celles de Grenoble ou de Sophia-Antipolis. Le développement des nouveaux réseaux de transport se poursuit avec la première ligne du TGV Paris-Lyon qui est inaugurée en 1980. Des zones de revitalisation de l'espace rural soutiennent l'effort en faveur des campagnes.
• Dans le cadre de la construction européenne, l'aménagement du territoire français est désormais pensé à l'échelle communautaire. Ainsi, les régions françaises cherchent à être plus compétitives vis-à-vis des régions européennes.
3. La relance des politiques d'aménagement
• Certaines régions se développent rapidement, à l'image d'une Sun Belt (« ceinture du soleil ») à la française qui va de la Bretagne à la Provence en passant par l'Aquitaine et le Midi-Pyrénées. En revanche, d'autres déséquilibres subsistent ou s'aggravent, comme la désertification des espaces ruraux dans la « diagonale du vide » (de la Meuse aux Landes).
• La politique en faveur des espaces ruraux fragiles est relancée en 1993 (Comité interministériel de l'aménagement du territoire de Mende) : l'État s'efforce d'y maintenir les services publics (poste, école, commerces, etc.) et soutient la diversification de petites exploitations agricoles vers l'agro-tourisme. Une politique de la ville (ministère créé en 1990) en faveur des quartiers déshérités est également mise en œuvre.
• En 2003, le gouvernement amplifie les lois de décentralisation de 1982 qui avaient donné plus de pouvoir aux régions, aux départements et aux communes.