Comme tous les pays d'Europe de l'Ouest, la France a une population qui vieillit. Pourtant, le pourcentage des naissances est un des plus forts du continent. La société est en constante mutation.
1. Le vieillissement de la population
• La démographie française est originale en Europe : on note depuis 1993 une hausse régulière des naissances (environ 750 000 par an). L'indice conjoncturel de fécondité est d'ailleurs remonté à près de 2,1 enfants par femme en 2006 (1,65 en 1995), alors que d'autres pays comme l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie connaissent une sous-natalité. On doit noter cependant que la France occupe une position particulière en Europe. Elle parvient à maintenir une fécondité relativement élevée qui la place au deuxième rang derrière l'Irlande. Le niveau des naissances se maintient depuis 2000, et l'effet « millénium » a été confirmé dans les années qui ont suivi. Une telle natalité n'avait pas été observée depuis vingt ans. L'indicateur conjoncturel de fécondité progresse légèrement. Proche de 2,1 enfants par femme en 2006, il n'atteignait que 1,73 cinq ans auparavant. Les femmes de plus de 35 ans sont celles qui ont le plus d'enfants. L'âge moyen de la maternité et de 29,4 ans alors qu'il était de 26,8 ans en 1980. Enfin, 43 % des naissances se font hors mariage.
• Cependant, le trait dominant est le vieillissement de la population. L'espérance de vie est de 76 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes. Les plus de 60 ans représentent 22 % de la population totale, contre 20% en 1990. Le nombre de décès diminue. Il est estimé à 550 000 en 2006. Le solde naturel est positif avec un reliquat d'environ 250 000 personnes. L'espérance de vie progresse chaque année, avec un décalage entre les hommes et les femmes qui se tasse légèrement. Les Françaises détiennent le record de longévité en Europe. Cette répartition, voisine de la moyenne de l'Union européenne, est nettement plus favorable que dans des États comme l'Allemagne ou l'Italie. La pyramide des âges se resserre à la base et s'élargit au sommet du fait du vieillissement durable.
2. La « France des jeunes » et la « France des vieux »
• On peut remarquer que les régions du Nord, de l'Est et de Rhône-Alpes ont plutôt une population jeune alors que le Sud, l'Ouest et le Centre ont une part de personnes âgées plus importante que la moyenne nationale. Les départements ruraux du Massif central vieillissent, de même que les littoraux méditerranéens et atlantiques vers lesquels migrent les retraités à la recherche d'un climat et d'un cadre de vie agréables. Les migrations interrégionales se font en direction des régions du Sud et de l'Ouest, même si la région parisienne n'a rien perdu de son attractivité. La population française se caractérise en effet par sa mobilité. Les migrations internes tendent à faire glisser la population du Nord vers le Sud. Les régions les plus attractives forment un croissant périphérique qui court de la Bretagne à l'Alsace en passant par les midis. Entre 1975 et 1999 (date officielle du dernier recensement), les régions septentrionales et de l'Île-de-France ont perdu près de 2 millions d'habitants par déficit migratoire, tandis que les cinq régions méridionales en gagnaient autant.
• Cette mobilité de la population doit être mise en relation avec la nouvelle localisation des entreprises dans le territoire et l'héliotropisme. Mais la distribution de la population n'évolue que très lentement. En effet, l'impact de la mobilité des populations sur le peuplement est limité ou contrarié par le solde naturel. Ainsi, grâce à sa natalité élevée, la population du Nord - Pas-de-Calais s'est lentement accrue en dépit du contexte de crise industrielle et de forte émigration. En revanche, le déficit des naissances sur les décès a entraîné une diminution de population en Auvergne et dans le Limousin, où le solde migratoire est pourtant excédentaire. À une échelle géographique inférieure, l'évolution du peuplement se calque sur celle des aires urbaines. Les plus dynamiques se situent le long des littoraux méditerranéen et atlantique. Là, les migrations compensent largement un solde naturel en diminution.
3. L'immigration
• La France est une terre d'immigration. Sans elle, notre population ne serait pas si jeune et si nombreuse. On estime qu'un cinquième des Français a un grand-père ou une grand-mère d'origine étrangère. L'origine des immigrés a changé. Les pays limitrophes de la France comme l'Espagne ou l'Italie sont devenus à leur tour des pays d'immigration, et le recrutement se fait aujourd'hui depuis des périphéries plus lointaines comme le Maghreb ou l'Afrique noire.
• L'excédent migratoire, estimé à 95 000 personnes en 2005, reste le plus faible de l'Union européenne. Il contribue à l'augmentation de la population. Les étrangers n'ayant pas acquis la nationalité française sont officiellement au nombre de 4 millions en 2004. Les personnes françaises d'origine immigrée sont plus de 5 millions (étrangers nés hors de France, naturalisés ou « Français par acquisition »). Leurs enfants nés en France sont Français. Ainsi, les Français de naissance ne sont que 53 millions.
• L'immigration a permis le maintien de l'équilibre démographique, mais la position de ces communautés au bas de l'échelle sociale et leur fort taux de chômage ne facilitent pas leur intégration et favorisent les dérives politiques. La distribution spatiale montre une forte concentration des populations étrangères dans les grandes zones urbaines. L'Île-de-France accueille 2/5e des communautés. La France de l'Ouest abrite moins d'étrangers. Cette concentration se retrouve à grande échelle dans certains quartiers défavorisés des centres-villes ou des grands ensembles de la périphérie.