Une relation complexe
Pour Jean-Louis Auduc, la relation parent – prof s'avère complexe. Les pères et mères sont angoissés, ils ne sont pas certains que leurs enfants vivront mieux qu'eux. Ils sont conscients des menaces et des enjeux de l'époque. « Contrairement à ce que l'on avance dans beaucoup de médias, ils sont plus démunis que démissionnaires ». C'est ce que nous confirme Clément, professeur dans un lycée technique de la Région Centre « Ils ont beaucoup d'interrogation concernant le quotidien de leurs enfants. De ce qu'ils font et de la façon dont ils le font. Ce ne sont pas ces derniers qu'ils ne comprennent plus, mais bien le rythme, les leçons, la façon d'apprendre, etc. »
Les enseignants, quand à eux, sont désarmés face au dialogue à apporter aux parents. De l'avis de tous, il subsiste une carence à ce niveau-là. « À titre de comparaison, au cours de sa formation, un médecin bénéficie de trois semaines pour gérer des singularités et les exposer à la famille. Dans l'Éducation nationale, c'est au grand maximum dans la majeure partie des académies une demi-journée ou rien. À Créteil, jusqu'il y a trois ans, nous organisions deux jours de formation sur ces questions. Mais, nous étions une exception… ». Certains membres de l'Éducation nationale qui ont participé à ce dossier reconnaissent qu'ils n'ont jamais été formés à cela. « Il est pourtant capital de savoir comment convoquer une famille, exposer une situation, conserver la trace de l'entretien, gérer des inquiétudes, etc. » Il en ressort donc des pressions de chacun des côtés. « Lorsque l'on sent que la personne en face de nous est angoissée, on le devient aussi et ces deux angoisses font des étincelles » reconnaît Julien, intermittent du spectacle dont la fille aînée est au collège.