Entretien – première partie
Existe-t-il, à l'échelle des particuliers, des signes permettant de laisser présager certaines catastrophes naturelles ?
Il n'existe pas de signes avant-coureurs. Les très récents événements provoqués par la tempête Xynthia le prouvent. Ce type de catastrophes naturelles fait partie des éléments de grande ampleur. Les seuls moyens de prévision sont météorologiques. Cependant, les particuliers peuvent prévoir certains événements avec une dose de bon sens : un cours d'eau qui déborde, des vents violents, des arbres qui se déplacent… autant de manifestations qui font appel à l'observation individuelle. Réflexes primordiaux, particulièrement chez les habitants de zones à risques. Le problème est que tout se passe très vite. La sécheresse géotechnique peut provoquer des fissures, qui, une fois accumulées, peuvent conduire à l'effondrement de la bâtisse en quelques semaines seulement. Un conseil qui vaut pour tous : soyez vigilants !
Depuis juin 2006, toute transaction immobilière (vente ou location) doit faire l'objet d'un état des risques naturels et technologiques (ERNT), document qui recense les risques naturels et technologiques existant dans la commune. Ces documents sont réalisés par des diagnostiqueurs immobiliers indépendants. Je tiens à rappeler que ces ERNT sont obligatoires, aussi bien lors d'une vente que d'une location, pour toute personne vivant dans des zones à risques. Il s'agit là d'une mesure très importante qui responsabilise chaque citoyen à l'échelle individuelle.
En dépit des ces précautions en amont, quels sont les bons réflexes à avoir en cas d'intempéries ?
Bien évidemment, tout dépend du phénomène. La majorité des bouleversements naturels en France sont provoqués, en premier lieu par des inondations, en second lieu par des mouvements de terrain, puis par des séismes.
En ce qui concerne les inondations, si vous êtes à l'intérieur, éteignez les appareils de chauffage, le gaz et l'électricité. Si vous possédez un plancher mouillé près du panneau d'électricité, faites un pont avec une planche sèche et coupez le courant à l'aide d'un bâton de bois sec. Si vous êtes à l'extérieur, ne traversez jamais à pied un passage submergé. Le courant pourrait vous emporter. De même, si vous êtes en voiture, évitez de conduire sur une route inondée. Lorsque vous vous trouvez dans un secteur immergé et que votre voiture tombe en panne, abandonnez-la et cherchez du secours pour vous et vos passagers.
Le réflexe des sinistrés est de protéger leurs biens. Seulement, certaines inondations sont très rapides. Croyez-moi, il est préférable d'avoir le réflexe de sauver sa vie et celle de ses proches.
Et concernant les autres types de sinistres ?
Là encore, le comportement individuel influe sur le bilan humain. En cas de vents violents – je tiens à rappeler qu'ils peuvent atteindre les 160 km/h lors des tempêtes les plus fortes – le moindre projectile peut-être fatal. Avant toute chose, veillez à attendre la fin du phénomène pour sortir de chez vous. Il est arrivé que des personnes sortent en pleine tempête pour recouvrir leur maison d'une bâche, parce que le toit venait de s'envoler. L'issue a été tragique. Il est impératif d'attendre chez soi, au rez-de-chaussée, de se tenir loin des fenêtres, loin des arbres. Si vous êtes sur la route, arrêtez-vous dans une zone vide, un champ ou autre, et ne sortez pas de votre voiture.
En ce qui concerne les risques sismiques, évitez les fenêtres. Réfugiez-vous sous une table, un bureau ou un lit, et cramponnez-vous pour suivre les mouvements du meuble. S'il n'y a pas de mobilier solide, collez-vous contre un mur intérieur en vous protégeant la tête et le cou. Là encore, pensez à couper le gaz. Si vous êtes à proximité d'un jardin, sortez et réfugiez-vous au milieu de celui-ci, vous avez alors 100 % de chances de réchapper au séisme.
Les zones les plus sensibles sont la Provence, les Pyrénées et les Alpes. Bien sûr, d'un point de vue sismique, la France n'est pas le Chili, mais il est important de noter quand même que l'Hexagone a enregistré historiquement des secousses de 6,2 sur l'échelle de Richter. De manière générale, ces risques ne sont pas à sous-estimer.
Comment faut-il se comporter si l'on se trouve avec des personnes blessées ou que l'on se blesse soi-même en pleine catastrophe ?
Quoiqu'il arrive, il ne faut pas jouer les héros. Les blessures les plus graves sont liées aux effondrements. Les personnes victimes des ces éboulements se retrouvent avec des charges très lourdes sur le corps. Il ne faut absolument pas chercher à les évacuer. En cas contraire, elles peuvent être victimes d'hémorragies ou de compressions pouvant entraîner la mort. Il est impératif de ne jamais les bouger. Mieux vaut attendre les secours, parler aux blessés en continu, les hydrater. En cas d'inondation, anticipez l'hypothermie. Pensez à réchauffer les victimes et, là encore, alertez les urgences. Dans la mesure du possible, essayez de stopper toutes sortes d'hémorragie à l'aide de chiffons, de draps ou de vêtements.
Je recommande à tout le monde de disposer d'un petit kit de secours : une radio à piles, pour se tenir informé, des lampes, des bougies, une trousse de premiers soins, une couverture de survie…
Je tiens tout de même à rassurer les lecteurs en précisant que la France est un pays moyennement exposé en termes de catastrophes naturelles. Les victimes sont – heureusement – assez rares.
Et l'après-événement, comment les sinistrés le vivent-ils ?
Le premier réflexe est d'effacer les traces des violences commises contre son « home, sweet home », à présent dévasté. Gérer le quotidien. C'est après que l'individu flanche. Je recommande à chacun de ne pas se surestimer. À la suite de dégâts importants, des cellules psychologiques sont mises en place. En profiter n'est pas un aveu de faiblesse. Il est nécessaire que les habitants ayant subi une perte, un choc, parlent : ils ne doivent pas rester seuls. Ils peuvent se rapprocher des associations, dont certaines sont très efficaces. L'insomnie et l'absence d'appétit, par exemple, sont des réactions normales. Il ne faut pas hésiter à se donner du temps pour se remettre. Il est humain d'être affligé par le déficit d'effets personnels ou de souvenirs.