Comment agir ?
L'expérience de Thibault l'a conduit à plusieurs pistes de réflexions : « Je me suis aperçu après coup que je ne sais pas du tout comment me comporter face à ce genre de situations. Je n'ai pas été formé à cela et humainement, aucun réflexe ne me vient. Je ne saurai pas trouver les mots justes. » Les inquiétudes de ce jeune professeur, sont les mêmes pour tous. Isabelle Chaumeil-Gueguen profite de cette tribune pour lever le voile sur un élément important : « Il y a souvent un confident à qui le jeune livre ses intentions. Un copain, une copine. Et trop de fois, cette personne n'en parle pas, parce qu'elle considère que ce serait un acte de trahison. De temps à autre, une jeune fille appelle pour dire que sa meilleure amie veut se suicider. Il ne faut surtout pas rester seul avec ça. Ce n'est pas de la dénonciation, bien au contraire, vous sauvez une vie. »
Pour Mirentxu Bacquerie, il est essentiel, à titre préventif, de mettre en place un réseau d'information entre parents élèves et professeurs. « Il est important d'arrêter de segmenter et de briser les cloisons ». Thibault abonde : « On supprime les postes de médecins, d'infirmières et de psychologues scolaires. Seulement, nous, professeurs, sommes souvent démunis. On ne sait pas comment parler du suicide. Nous connaissons mal les familles, donc mal les élèves. » Isabelle Chaumeil-Gueguen fait des interventions au lycée et dans le supérieur. Il en ressort que ce type de public est extrêmement fragile. « Le message à faire passer c'est qu'il n'est pas honteux de souffrir et que l'on peut en parler. Il est important de comprendre que ces périodes de mal-être, ressemblent à d'autres symptômes physiques. Donc lorsque l'on souffre, on va se faire soigner ! ». Agir pour soi, très bien, mais après ?