Cas n° 2 : basket-ball
Lors d'un match de basket-ball organisé pendant le cours d'éducation physique et sportive, un jeune garçon de CM2, qui jouait sans chaussures, s'est accidentellement fait marcher sur le pied gauche par un autre élève. Il en résulte un appui sur béquilles pendant trois semaines.
Les parents du jeune garçon demandent à ce que la faute de l'enseignant soit retenue sur le fondement d'une faute de surveillance, mais également que les parents de celui qui a été à l'origine du dommage subi par leur fils soient mis en cause.
Le préfet conclut au débouté de l'ensemble des demandes formé contre lui au motif que l'enseignant qui a organisé le match n'a pas engagé sa responsabilité. Il demande, à toutes fins utiles, un partage de responsabilité eu égard à la faute commise par le jeune garçon à l'origine de son dommage. Il ajoute que le jour de l'accident, les élèves rentraient de l'extérieur avec des chaussures sales et qu'avant de poursuivre les activités à l'intérieur du gymnase, ils étaient tenus de changer de chaussures, conformément au règlement intérieur de l'école. Le jeune garçon ne possédant pas de « baskets » de rechange propres, l'instituteur l'a laissé jouer sans chaussures.
Le tribunal
Il n'est pas contesté que l'enseignant a autorisé les enfants à jouer au basket et que c'est au cours de ce jeu qu'un élève a été blessé par un autre élève à l'orteil gauche, alors qu'il jouait en chaussettes.
Or l'article 5 du règlement intérieur de l'école énonce : « il est interdit de pénétrer dans le gymnase avec des chaussures sales (il est recommandé de posséder une seconde paire de chaussures). » Le jeune garçon ne possédant pas une paire de chaussures de rechange, l'enseignant l'a laissé jouer en chaussettes.
Pour autant et quand bien même l'élève eut omis délibérément d'apporter une paire de chaussures de rechange, il appartenait à l'enseignant d'infliger une sanction adaptée et de ne pas mettre en danger son élève en l'obligeant, ou même en l'autorisant, à participer à un match de basket sans chaussures de sport.
En effet, ceci constitue une profonde méconnaissance des règles de sécurité les plus élémentaires, a fortiori lorsque les autres élèves participant au match portent des chaussures.
Par conséquent l'élève n'a commis aucune faute susceptible d'exonérer, ne serait-ce que partiellement, l'enseignant de sa responsabilité.
La faute de l'enseignant est ici établie et la responsabilité de l'État substituée à celle de l'enseignant sera retenue.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.