Cas n° 2 : saut en hauteur
C'est lors du cours d'éducation physique dispensé par son instituteur qu'un jeune garçon de CM2 s'est blessé. Le cours était presque terminé : l'enseignant était en phase d'explication des différentes réalisations motrices des élèves. Cependant, le jeune garçon a voulu effectuer un dernier saut, alors que l'enseignant finissait de donner les explications de fin de cours et les consignes pour ranger le matériel. En effectuant ce saut il se blesse à la tête.
Les parents du jeune garçon estiment que l'instituteur a commis une faute en ne s'assurant pas que tous les élèves étaient présents lors de ses explications. Le fait que l'enseignant n'ait pas vu l'élève parce que le groupe masquait sa vue témoigne d'une réelle faute de surveillance.
De plus les parents ajoutent que la blessure subie a entraîné un redoublement en raison de la persistance de troubles de l'équilibre épisodiques.
Le tribunal
L'article L. 9116-4 du Code de l'éducation détermine la responsabilité des membres de l'enseignement notamment pour les faits dommageables commis au détriment des élèves confiés. La responsabilité de l'État est alors substituée à celle de l'enseignant.
L'article précise que les fautes, imprudences négligences invoquées contre les enseignants comme ayant causé le fait dommageable, devront être prouvées conformément au droit commun par le demandeur. Il convient par conséquent d'établir une faute de l'enseignant.
En l'espèce, les faits se sont déroulés de la manière suivante : l'enseignant a rassemblé ses élèves pour faire un petit bilan de cette première séance de saut. Il leur donne ensuite quelques consignes pour le rangement du matériel. C'est à ce moment-là que le jeune garçon, dans l'agitation de cette fin de séquence, en profite pour faire un dernier saut, non autorisé, et se blesse à la tête en chutant en arrière lors de la réception. L'enseignant précise qu'il n'a pas vu l'accident, le groupe d'élèves masquant l'endroit où l'atelier était installé.
Deux élèves ont témoigné : le premier indique que son camarade a effectué l'action alors que le cours était terminé et qu'en effectuant sa course d'élan il a croisé un autre élève, puis est retombé après son saut sur le matelas d'abord sur les fesses et a ensuite heurté le béton avec la tête. Le second relate l'accident exactement de la même façon.
Pour autant le directeur de l'école conclut la déclaration d'accident en écrivant : « il semblerait que le professeur n'ait pas apprécié correctement les risques de l'activité et la gravité de la chute sur la tête ». Selon les témoignages des autres élèves, force est de constater que le jeune garçon avait été avisé des consignes nécessaires au rangement du matériel et alors que le cours était terminé a délibérément procédé au saut et s'est mal réceptionné, sans qu'il soit possible d'affirmer que les tapis étaient mal positionnés.
Un élève de CM2 peut présenter une propension à la désobéissance et c'est la raison pour laquelle il incombait à l'instituteur de veiller à ce que tous les élèves soient présents lors du bilan, de veiller aux opérations de rangement du matériel et de surveiller ses élèves pendant toute cette durée.
Le tribunal considère que l'État se substituant à la responsabilité de l'enseignant est responsable, à hauteur de moitié seulement des préjudices subis par l'élève.
Le préfet estime que cet accident résulte d'un acte d'indiscipline de l'élève qui n'a pas respecté les consignes de son instituteur et a décidé de procéder à un dernier saut alors que le cours était terminé : il a commis une faute. Aucun défaut d'organisation ne serait démontré, il s'agissait d'une activité régulière tout à fait compatible avec l'âge des élèves.