La décision
Lorsque l'incident s'est produit le jeune enfant jouait au ballon avec d'autres camarades dans la cour. Il s'agissait d'une activité complètement banale qui, bien loin d'être néfaste, leur permettait d'exercer un besoin naturel d'activité physique, dans des conditions à la fois organisées et éducatives. Les parents ne démontrent pas ici que leur enfant ne pouvait pas participer à ce type de sport en raison d'une déficience physique ou de toute autre nature.
En conséquence, il ne peut être nullement reproché aux enseignantes d'avoir laissé se développer cette activité : la chute d'un enfant au cours d'un jeu de ballon est un événement soudain et imprévisible que les personnes chargées de la surveillance ne peuvent, ni prévenir ni empêcher.
Par ailleurs la chute d'un élève, dans une cour de récréation pendant une partie de football, constitue en elle-même un événement habituel qui se produit très fréquemment. Il est donc hors de question de faire appel à un médecin dans ce type d'hypothèse.
En l'espèce l'enseignante qui se trouvait chargée de la surveillance a indiqué qu'après sa chute l'enfant est venu se plaindre de son poignet, mais qu'elle n'a vu ni marque ni gonflement : l'enfant remuait son poignet, a continué ses jeux en récréation, et a même participé aux activités sportives de l'après midi. Bien qu'il se soit plaint, à nouveau, elle a indiqué que rien ne laissait supposer que le poignet était cassé.
En outre les parents de l'enfant ne démontrent pas avoir été immédiatement alertés par l'état de leur fils : s'ils l'avaient été réellement, ils auraient immédiatement, comme ils le prétendent, consulté dès la sortie des classes leur médecin. Or les pièces qu'ils versent au dossier démontrent, au contraire, que ce n'est que le lendemain vers 20 heures que l'enfant a été examiné en milieu hospitalier.
Il n'est ici nullement établi que l'état de santé de l'enfant ou son comportement révélait chez lui une blessure justifiant qu'il soit fait appel immédiatement à un médecin, et en conséquence aucune faute ne peut être reprochée aux enseignantes.
La responsabilité de l'État substituée à celle de l'enseignante n'est pas retenue.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II.