Interview de Régis Pol
Régis POL, a accepté de nous parler de son métier qu'il pratique depuis bientôt 25 ans. Il exerce au lycée Eugène-Delacroix de Maisons-Alfort.
« Cadre de Vie scolaire », que pensez-vous de cette définition pour parler de votre métier ?
J'aime bien aussi le terme de chef de service de la vie scolaire, parce qu'il définit mieux l'ensemble de nos responsabilités et de nos tâches. Pour les CPE, la priorité, ce sont les élèves : suivi de leur assiduité et de leur ponctualité, de leur implication dans leur propre scolarité, mais aussi garantie de la sécurité des personnes, de la surveillance du bon déroulement des mouvements d'une journée : récréations, inter cours, demi-pension… Pour autant, il s'agit également de gérer et animer le personnel de la vie scolaire en particulier avec les assistants d'éducation, nos proches collaborateurs. C'est un échange d'informations sur le comportement des élèves et ce qui se vit dans les classes. En outre, avec le concours de l'équipe pédagogique, ce qui prime c'est le suivi des élèves, leur évaluation et l'élaboration de différents projets. Enfin, nous animons différentes instances : conférence des délégués, conseil des délégués pour la Vie lycéenne, foyer socio-éducatif, appelé communément Maison des lycéens.
Vous avez la « charge » de 1 400 élèves, quel est le quotidien dans ces conditions ?
Je connais beaucoup d'élèves et je ne compte plus le nombre de celles et de ceux que j'ai croisés dans ma carrière ! Je suis le plus souvent confronté aux lycéens les plus récalcitrants aux règles de vie, à l'autorité des enseignants, agités en cours et parfois gênants pour les autres. Ces élèves-là sont aussi les plus attachants. En cas d'incident, j'essaye toujours de comprendre ce qui ne va pas et quelles sont les causes possibles du malaise de l'élève ou de son hyperactivité.
Quels sont vos interlocuteurs dans la communauté scolaire ?
Les élèves, les professeurs, les parents, l'assistante sociale, l'infirmière scolaire, le service de l'intendance, de la direction… tout ce qui concerne la vie scolaire d'un établissement public d'enseignement. Pour ma part, je m'occupe de 700 élèves, de la Seconde à la Terminale plus deux classes de BTS Assistant de manager… Je suis maintenant rodé aux différentes problématiques, liées à ces niveaux de classe. Je n'ai pas d'autre choix que d'être réactif. Un temps mort dans la communication ou la transmission d'un message important peut-être néfaste et compromettre la résolution d'un problème.
Un bon CPE en quelques mots ?
Nous sommes des repères, des références pour les élèves. Il faut bien sûr posséder un véritable sens du contact, une chaleur humaine, une simplicité dans les relations : être à la fois ferme et souple face aux élèves. C'est un délicat équilibre à établir : être parfois dans l'empathie, lorsqu'un lycéen vit une situation difficile au plan personnel ou familial, mais ne jamais oublier de hisser les lycéens vers le haut.
Cela suppose évidemment une certaine rigueur et un sens de l'organisation : la ponctualité, le respect des rendez-vous, la correction, la gentillesse, le souci de mettre en contact les différents interlocuteurs, de relayer les informations en permanence pour que tout le monde soit informé afin d'éviter de fausses notes.
Quelques faits marquants dans votre carrière ?
Au-delà des petites histoires amusantes, ce qui m'émeut le plus et que je tiens à souligner, c'est que tous les ans, j'ai la visite d'anciens lycéens, garçons et filles. Même ceux avec qui j'ai été particulièrement ferme par le passé. Voilà la preuve que si nous accomplissons (éducateurs, professeurs, parents, etc.) notre tâche avec conviction, sérieux et tendresse, animés constamment du désir d'être honnêtes et justes, les élèves y sont sensibles.
À lire : Les conseillers principaux d'éducation, édition 2012, CRDP du Centre
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, mise à jour janvier 2013.