L'enseignement professionnel
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Introduction

Introduction

À la rentrée 2011(1) plus d'un million d'élèves étaient engagés dans une voie professionnelle. À la suite de la réforme de 2009, le taux d'accès en terminale professionnelle des élèves issus de 3e ayant emprunté le cursus bac pro en 3 ans en 2012 dépassait les 65%. À la rentrée 2023, environ 627 000 élèves se sont engagés dans cette voie, qui propose un enseignement concret en relation avec l'entreprise et ses métiers. Dans le contexte de mutations économiques que nous connaissons, la formation professionnelle occupe une place cruciale dans le système éducatif et fait l'objet de transformations régulières. La rénovation de cette formation a pour objectif central d'élever le niveau de qualification des jeunes et de limiter leur sortie précoce du système éducatif. Pour autant cette voie ne permet pas à tous de réussir : le pourcentage des élèves en situation de décrochage scolaire demeure élevé(2).
© Fabien PLOEGAERTS / MAIF
(1)Plus de 1,4 million de jeunes engagés dans la voie professionnelle. 36,8 % d'entre eux s'orientent vers l'enseignement professionnel en fin de classe de 3e (agriculture et apprentissage inclus). 57 500 décrocheurs étaient issus de la voie professionnelle en 2011.
(2)Un tiers du total des « décrocheurs ».
Le lycée professionnel : 1980-2009

Le lycée professionnel : 1980-2009

Le lycée professionnel, qui accueille plus de 30 % des élèves qui sortent de 3e, a connu depuis une quarantaine d'années des évolutions qui ont conduit à la rénovation de cette voie :
La suppression du palier d'orientation en fin de 5e
Elle s'est opérée à partir de la rentrée scolaire 1984-1985, et a abouti à la suppression de la préparation du Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP), en trois ans.
La préparation à ce diplôme a perdu beaucoup d'importance en lycée professionnel, diplôme qui se prépare maintenant en deux ans après la 3e.
Le Certificat d'Aptitude Professionnelle (CAP) donne une qualification d'ouvrier ou d'employé qualifié dans un métier déterminé. Il existe environ 200 spécialités de CAP dans les secteurs industriels, commerciaux et des services. Le CAP comporte néanmoins de nombreuses spécialités très recherchées et très sélectives : métiers d'art, prothèse dentaire… alors que d'autres accueillent des élèves qui ne sont pas admis en BEP.
Le Brevet d'Études Professionnelles, au centre du lycée professionnel
Ce brevet, conçu au moment de sa création (1967), comme un diplôme offrant plus de débouchés et un éventail d'insertion plus large que le CAP, était devenu le diplôme central du lycée professionnel. Avec des spécialités correspondant à des champs professionnels plus larges, dépassant la notion de métier au sens strict, un BEP(3) pouvait ouvrir sur plusieurs champs professionnels, plusieurs activités professionnelles.
La création du baccalauréat professionnel : 1985/1986
C'est une évolution essentielle. Ce nouveau diplôme a été conçu de façon originale : il est articulé autour de périodes obligatoires de formations en entreprise, 12 à 24 semaines (la période moyenne étant de 16 semaines), dont les acquis sont pris en compte dans l'examen final. Il s'agit d'une vraie innovation dans le système scolaire français dans la mesure où il a enfin été admis que certaines compétences pouvaient s'acquérir en situation réelle, en entreprise.
(3)Quatre spécialités perdurent en tant que BEP : carrières sanitaires et sociales, conduite et services dans le transport routier, métiers de la restauration et de l'hôtellerie, optique lunetterie. Leur rénovation interviendra dans un second temps. Le BEP a été par la suite supprimé à la rentrée 2021.
La rénovation de la voie professionnelle : septembre 2009

La rénovation de la voie professionnelle : septembre 2009

La voie professionnelle et sa rénovation préparent à l'exercice d'un métier dans des conditions proches de l'entreprise ; elle s'articule autour des axes suivants :
  • l'élévation du niveau de qualification des jeunes,
  • leur insertion professionnelle,
  • leur poursuite d'études dans l'enseignement supérieur,
  • la réduction du nombre de « sortants » sans diplôme.
Une évolution importante est intervenue au début de l'année 2009-2010 avec la préparation directe du baccalauréat professionnel en 3 ans après la 3e, le BEP devenant une certification intermédiaire.
La mise en œuvre de ce baccalauréat professionnel s'est accompagnée de nouveaux programmes en enseignement général, de nouvelles modalités d'organisation, d'un dispositif d'accompagnement personnalisé, du passage d'un diplôme intermédiaire (CAP ou BEP), de passerelles au sein de la voie professionnelle et avec la voie générale et technologique.
C'est une formation en trois ans (seconde, première, terminale professionnelles) au lieu de quatre (deux ans de BEP, suivis de deux ans de bac pro) avec la garantie d'obtenir un diplôme de même valeur. Le parcours ainsi élaboré offre la possibilité de suivre un cursus continu jusqu'au bac dans le même établissement. La seconde professionnelle est la première étape du cycle conduisant au baccalauréat professionnel, et du cycle de 2 ans conduisant aux quatre BEP maintenus : carrières sanitaires et sociales, conduite et services dans le transport routier, métiers de la restauration et de l'hôtellerie, optique lunetterie.
Schéma récapitulatif
Abréviations : MC : mention complémentaire ; BMA : Brevet des métiers d'art ; DUT : diplôme universitaire technologique.
Source : www.education.gouv.fr
Après la 3e un élève peut préparer :
  • un CAP en 2 ans : la formation prépare à la vie active ;
  • un baccalauréat professionnel en 3 ans avec le passage d'une certification intermédiaire, le BEP rénové, plus rarement le CAP.
Le baccalauréat professionnel peut s'obtenir par la voie scolaire, mais aussi par l'apprentissage, par la formation professionnelle continue, par la VAE.
Le label « lycée des métiers »

Le label « lycée des métiers »

Le « lycée des métiers »
Le « lycée des métiers » a été créé par Jean-Luc Mélenchon en 2001, puis Luc Ferry a relancé le concept en 2003(4). La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école (« loi Fillon ») a élevé au niveau législatif le label « lycée des métiers », précédemment défini par la circulaire de 2003.
Les établissements labellisés sont dorénavant soumis au respect d'un cahier des charges national, figurant pour partie dans la loi, et complété par le décret du 10 novembre 2005.
Ce lycée n'est pas un nouveau type d'établissement scolaire, les établissements labellisés conservent leur statut juridique initial.
(4)Circulaire n° 2003-036 du 27 février 2003
Transformer la voie professionnelle pour viser l'excellence : septembre 2019

Transformer la voie professionnelle pour viser l'excellence : septembre 2019

À l'appui du rapport de mission Calvez-Marcon de février 2018 sur l'avenir de la voie professionnelle, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a lancé une série de mesures pour mettre en œuvre la transformation profonde de la voie professionnelle, qui se poursuit depuis. Cette réforme visait à recentrer le lycée professionnel autour de l'élève et à mieux personnaliser son parcours.
Plusieurs évolutions ont été mises en œuvre à partir de la rentrée 2019, notamment :
  • Le choix du parcours : depuis la réforme de 2009, les élèves peuvent opter pour le baccalauréat professionnel en trois ans (seconde, première, terminale), avec une centaine de spécialités, et le CAP en deux ans avec environ deux cents spécialités. Ces deux voies sont flexibles et des passerelles sont possibles, par exemple entre la première année de CAP et la seconde professionnelle. La réforme modifie la durée de formation du CAP, qui peut désormais être complété en un, deux ou trois ans, selon les besoins et les aptitudes de l'élève.
  • La découverte d'une famille de métiers en seconde : ce dispositif vise à permettre à l'élève de construire un parcours de formation choisi et progressif. Entre 2019 et 2021, 14 familles de métiers définies au niveau national ont été mises en place en classe de seconde professionnelle. Elles regroupent 57 spécialités de baccalauréat professionnel (plus des deux tiers de l'offre proposée en seconde professionnelle).
  • La transformation pédagogique  : des enseignements généraux et professionnels sont dispensés en co-intervention, de manière à mettre en lien les compétences et connaissances professionnelles et celles issues de l'enseignement général. Les compétences transversales sont développées par des projets concrets, par exemple la réalisation d'un chef-d'œuvre en CAP et baccalauréat professionnel, qui permet d'apprendre la conduite de projet et le travail en équipe.
  • L'accompagnement renforcé : des modules adaptés aux besoins des élèves, pour mieux préparer à l'insertion professionnelle ou la poursuite d'études à l'issue du baccalauréat professionnel.
Par le décret n° 2020-1277 du 20 octobre 2020, le BEP, certification intermédiaire en bac professionnel, disparaît. Il a été remplacé par une attestation de réussite intermédiaire délivrée en fin de classe de première professionnelle entrée en vigueur à la rentrée 2021.
Faire du lycée professionnel une voie de réussite : septembre 2023

Faire du lycée professionnel une voie de réussite : septembre 2023

Cette nouvelle réforme de la voie professionnelle se déploie dans les lycées depuis la rentrée 2023. Elle a pour objectif d'assurer l'avenir de tous les élèves et de les accompagner au plus près de leurs besoins et aspirations, tout en favorisant une meilleure adéquation entre les compétences acquises et le marché du travail. Mieux accompagner les lycéens professionnels vers la réussite demeure un enjeu de taille : un tiers des jeunes qui ont entamé un cursus de baccalauréat professionnel en sortent sans obtenir le diplôme visé.
Douze mesures ont été prises, pour une mise en œuvre progressive sur la période 2023-2024.
Les principales mesures sont les suivantes :
  • Gratification des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) : Les stages effectués par les élèves en entreprise sont désormais gratifiés, pour valoriser leur expérience professionnelle et leur engagement.
  • Enseignements fondamentaux de français et de mathématiques en classe réduite : pour favoriser une pédagogie différenciée et mieux accompagner les élèves.
  • Réorganisation de l'année de terminale : pour mieux préparer leur insertion professionnelle ou la poursuite d'études supérieures (bloc commun de 30  semaines, renforcement des savoirs fondamentaux, parcours différencié en fin d'année).
  • Choix de nouvelles matières optionnelles  : proposées par des professeurs volontaires, des associations et entreprises partenaires et le Cned.
  • Transformation de l'offre de formations : la carte des formations professionnelles initiales scolaires est revue pour mieux répondre aux besoins du marché du travail et aux attentes des élèves. Certaines formations ont été fermées, d'autres ouvertes.
  • Dispositifs nouveaux pour lutter contre le décrochage scolaire : Tous droits ouverts ; Ambition emploi ; Parcours de consolidation.
  • Création d'un bureau d'entreprises : dans chaque lycée.
  • Formation continue des personnels éducatifs : Les enseignants et les proviseurs bénéficient de formations spécifiques pour les accompagner dans la mise en œuvre de la réforme.
Cette réforme, soutenue par un milliard d'euros supplémentaire investi chaque année dans les lycées professionnels, doit permettre de faire de la voie professionnelle une voie d'excellence pour les jeunes et les entreprises, avec pour ambition affichée : « 0 % de décrochage et 100 % d'insertion ».
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, mise à jour octobre 2024.
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