L'Union européenne est l'un des trois pôles de la Triade (qui regroupe les régions économiques les plus puissantes au monde). Depuis son élargissement à 25 puis 27 États, son PNB (Produit national brut) égale celui des États-Unis et il distance nettement celui du Japon. Quelles sont les manifestations de la puissance économique européenne ?
1. Une grande puissance commerciale
a) Le poids de l'Union européenne (UE) dans le commerce mondial
• L'Europe joue un rôle prépondérant dans les échanges internationaux : elle est le premier pôle commercial du monde (plus de 20 % des échanges dans le monde depuis 2004, hors échanges intracommunautaires). C'est la première zone mondiale exportatrice de marchandises et de services, la première zone réceptrice et émettrice d'IDE (Investissements directs à l'étranger).
• Ses principaux partenaires sont les pays industrialisés, essentiellement les États-Unis et le Japon. Ces derniers se livrent une lutte sévère pour contrôler le vaste marché européen. Cependant, au cours des dernières années, les ex-pays de l'Est et les pays de l'aire Pacifique sont également devenus des partenaires majeurs de l'UE. En 2005, le développement de la Chine a permis à ce pays de devenir le deuxième partenaire commercial de l'Europe ; les échanges entre ces deux régions ont plus que doublé en cinq ans et le déficit en faveur de la Chine s'est creusé (64,2 milliards en 2003).
• L'UE est toujours dépendante du reste du monde pour les produits de base, en particulier pour les ressources énergétiques (26,9 milliards d'importations pour les matières premières et l'énergie). Son taux de dépendance énergétique était de 50 % en 2003 et pourrait atteindre 70 % d'ici 25 ans. Sa dépendance vis-à-vis des pays de l'OPEP reste forte. Elle est toutefois compensée par d'importantes exportations de produits manufacturés qui permettent de limiter le déficit. Les échanges avec les autres pays du Sud ont une importance secondaire. Les liens privilégiés que l'Europe préserve avec l'Afrique pèsent peu sur l'ensemble des échanges.
b) Les échanges intracommunautaires
• Les échanges commerciaux entre les pays membres ont permis de consolider la construction de la communauté européenne. Avant 2004, ils représentaient à eux seuls le tiers du commerce mondial et deux tiers des échanges de l'UE. Le passage de 15 à 25 puis 27 n'a fait que renforcer cette situation.
• Cet accroissement des échanges intracommunautaires est le résultat de l'ouverture des frontières mise en place par l'Acte unique de 1986, de l'élargissement progressif de la communauté et de la spécialisation des différents espaces européens dans certaines commercialisations.
2. Une économie diversifiée
a) Une grande puissance industrielle
• L'industrie européenne est la première du monde. Quatre États (l'Allemagne, la France, l'Italie et le Royaume-Uni) fournissent la majeure partie de la production industrielle de l'UE. On ne peut pas, cependant, parler « d'Europe industrielle » car, dans ce domaine, aucune politique commune n'a été mise en place.
• L'acier comme toutes les industries traditionnelles a connu une crise profonde et les entreprises de l'UE se sont concentrées pour résister à la concurrence internationale. Le premier groupe européen Arcelor est issu d'une fusion entre des firmes appartenant à plusieurs pays. La hausse de la demande provoquée par le développement de la Chine et de l'Inde a relancé le secteur. Le groupe a cependant été racheté par le géant de l'acier Mittal. La sidérurgie européenne (20 % de l'acier mondial) est aujourd'hui au premier rang mondial.
• L'industrie automobile européenne est également la première du monde (l'UE a produit 17 millions de véhicules en 2003) mais la concurrence internationale (notamment celle du Japon) est très forte et pousse les constructeurs à conclure des ententes. Renault et Nissan sont ainsi parvenus grâce à leur alliance à se hisser au quatrième rang dans le classement mondial des constructeurs automobiles. Le rachat de la branche automobile de Samsung lui a permis de couvrir 10 % du marché coréen en 2002.
L'UE est par ailleurs le premier exportateur de produits chimiques et agroalimentaires du monde.
• En ce qui concerne la recherche, l'Europe est souvent dépassée par les États-Unis et le Japon. Cela l'handicape dans les domaines de pointe comme l'informatique. Les pays membres ont cependant su mettre en place une coopération efficace dans deux secteurs : l'aéronautique (Airbus industrie) et l'aérospatiale (Arianespace).
b) Une grande puissance agricole
• L'agriculture est la seule activité où une véritable politique commune, la PAC (Politique agricole commune), a été instaurée. Cette politique a porté ses fruits : après une période de modernisation (mécanisation, usage d'engrais, sélection des plantes et des animaux), cette activité est devenue exportatrice et concurrence les États-Unis. L'UE se classe au premier rang mondial pour le blé, le vin, la betterave à sucre, au deuxième (derrière la Chine) pour la viande de porc et au quatrième pour la viande bovine (2004). Elle fournit céréales, sucre, œufs, fruits et légumes. L'industrie agroalimentaire (qui transforme les produits de l'agriculture) européenne est la première du monde ; le groupe Unilever se situe ainsi au troisième rang mondial en chiffre d'affaires.
• La PAC a cependant été victime de son efficacité : l'agriculture souffre actuellement de surproduction. Elle est aussi critiquée par les Américains qui dénoncent une concurrence déloyale et par les pays en développement qui l'accusent de détruire leur propre production. Au sommet de Berlin de 1999, de nouveaux objectifs ont été fixés pour réduire les inégalités, éviter la surproduction et protéger l'environnement.
c) La tertiarisation de l'économie
• Le secteur tertiaire domine l'économie européenne. Les activités concernant le commerce, les transports, les télécommunications, les banques, les assurances et les services aux entreprises représentent les deux tiers du PIB (Produit intérieur brut) et des emplois de l'UE. La communauté européenne est une grande exportatrice de services.
• L'Europe constitue également le premier pôle touristique mondial. Elle accueille 55 % des touristes internationaux (en 2003). Si les États-Unis tirent du tourisme 65 milliards de dollars (en 2003), l'addition des gains des cinq premiers pays européens (France, Espagne, Italie, Allemagne et Royaume-Uni classés du 2e au 6e rang mondial) place l'UE loin devant eux (162 milliards de dollars).