Le 20 juin 1914, l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie est assassiné par un terroriste serbe. L'empire austro-hongrois, allié à l'Allemagne, prend prétexte de cet assassinat pour envahir la Serbie, soutenue par la Russie – et donc par la Triple Entente (Russie, Royaume-Uni, France). Le jeu des alliances opère et la guerre est déclarée le 1er août 1914. Quelles en sont les trois principales phases ? Comment caractériser ce premier conflit mondial ?
1. Les étapes de la Première Guerre mondiale
a) La guerre de mouvement (1914)
• La plupart des belligérants sont persuadés que la guerre sera courte : l'Allemagne est prise en tenaille entre la France et la Russie, la flotte britannique menaçant son approvisionnement par voie maritime.
• Élaboré depuis le début du siècle, le plan allemand, dit plan Schlieffen, prévoit de prendre à revers les armées françaises en passant par la Belgique avant de se retourner contre la Russie, plus lente à se mobiliser.
• L'avancée allemande est d'abord très rapide : en septembre 1914, les armées allemandes sont à 40 km de Paris. Sur le front russe, elles remportent en août une première victoire, à Tannenberg.
• Le général français Joffre lance cependant une vigoureuse contre-offensive, la bataille de la Marne (du 6 au 17 septembre 1914), qui stoppe l'avancée allemande. Le front se stabilise et s'étend bientôt sur 650 km, de la frontière suisse à la mer du Nord. La guerre de mouvement a échoué : les troupes s'enterrent dans les tranchées.
b) La guerre de position (1915-1917)
• Pendant trois ans, les positions sur le front occidental n'évoluent guère. De part et d'autre, les soldats creusent un réseau de tranchées (celles de la première ligne sont reliées à la deuxième ligne par un boyau permettant d'assurer la relève des troupes) pour se protéger des assauts de l'artillerie ennemie souvent très proche.
• De temps à autre, les armées tentent une percée afin d'affaiblir l'adversaire. La plupart de ces offensives se soldent cependant par des échecs et de terribles pertes humaines. Ni celle de l'Entente en Artois en 1915, ni celle des Allemands à Verdun (de février à juin 1916) ne modifient le front, pas plus que ne le fera l'offensive britannique, lancée sur la Somme, puis celle du Chemin des Dames en avril 1917.
• Enfin, de nouveaux fronts apparaissent : l'Empire ottoman en 1914 et la Bulgarie en 1915 s'engagent aux côtés des empires centraux. Le Japon dès 1914, l'Italie en 1915, puis la Roumanie en 1916, la Grèce en 1917 soutiennent l'Entente.
• La guerre devient mondiale : on se bat en Afrique (les colonies allemandes sont conquises), en Palestine. En 1915, l'expédition alliée dans les Dardanelles, qui doit permettre d'écraser l'armée turque et prendre à revers les empires centraux, se heurte à une résistance sous-estimée.
c) La rupture d'équilibre et la reprise de la guerre de mouvement
• Les États-Unis, qui jusqu'alors soutiennent l'Entente, décident d'entrer en guerre en avril 1917 et envoient des troupes en juillet 1918, ce qui modifie l'équilibre des forces en présence.
• La Russie, en revanche, se désengage du conflit : après la révolution bolchevique, elle demande l'armistice à Brest-Litovsk, en décembre 1917. L'Allemagne peut alors reporter tout son effort à l'Ouest. Elle doit vaincre rapidement car le temps joue pour les Alliés (ses approvisionnements sont de plus en plus compromis). Elle lance quatre grandes offensives au printemps 1918.
• La dernière, en juillet, est contrée en Champagne par les Alliés, sous la direction unique du général français Foch. Alors que les empires centraux accumulent les revers et que l'Autriche-Hongrie se disloque, la situation intérieure allemande se détériore. L'Allemagne, isolée, demande la paix début octobre. L'armistice de Rethondes est signé le 11 novembre 1918.
2. Une guerre totale
a) Employer tous les moyens disponibles
• En Allemagne, le pouvoir civil laisse la place aux militaires : Hindenburg impose une dictature. En Russie, le tsar Nicolas II gouverne seul.
En France, « l'Union sacrée » suspend les luttes politiques ; régulièrement, les députés se heurtent aux militaires qui veulent prendre seuls, en secret, les décisions les plus importantes.
• Dès la fin de 1914, on réalise que le conflit sera long. Les États mettent en place une économie de guerre : de nouveaux impôts sont créés, des emprunts lancés, le matériel réquisitionné. De moins en moins de produits sont disponibles et la hausse des prix rend la vie quotidienne difficile. Dès 1915, l'Allemagne rationne la nourriture des civils. Manquant d'engrais et de bras, l'agriculture ne parvient pas à produire suffisamment. Des troubles éclatent. En 1917, des grèves ouvrières, s'inspirant de l'exemple russe, réclament de meilleures conditions de vie.
• Pour maintenir le moral du pays, l'État met en place une propagande officielle : des affiches et des campagnes de presse cherchent à ridiculiser l'adversaire et à exalter les chefs militaires ou le comportement héroïque des soldats. On ouvre les lettres des soldats, on censure les journaux. Cette manipulation est souvent grossière et les Français la surnomment « bourrage de crâne ».
b) Mobiliser l'ensemble de la population
• On envoie sur le front les réservistes, on engage des volontaires, on appelle de jeunes recrues. L'armée britannique, constituée de soldats de métier, instaure la conscription dès 1916.
Les Alliés engagent aussi des troupes coloniales venues de l'Inde, de l'Afrique du Nord ou de l'Afrique noire (les fameux « tirailleurs sénégalais » qui firent preuve d'un véritable héroïsme).
• La Première Guerre mondiale est aussi la première guerre industrielle.
La guerre de position favorise l'emploi de nouvelles armes, particulièrement meurtrières (obus, mitrailleuses, avions et chars d'assaut) ; grâce aux progrès industriels, ces armes sont fabriquées à la chaîne. Certains ouvriers qualifiés sont rappelés du front et affectés dans les usines d'armement. Mais cela ne suffit pas. En 1916, l'Allemagne rend le travail obligatoire le dimanche. Surtout, les femmes doivent remplacer les hommes, aux champs, bien sûr, mais aussi dans les usines d'armement. En France, où elles fabriquent balles et obus, on les appelle les « munitionnettes ».