La croissance urbaine des dix dernières années bénéficie surtout à des villes orientées vers les nouvelles technologies : Nantes, Rennes, dans l'Ouest ; Montpellier, Aix-en-Provence, Annecy dans le Sud-Est. En revanche, les villes anciennement industrialisées comme Saint-Étienne, Valenciennes, Thionville ou Montbéliard déclinent.
1. Les facteurs d'attractivité
• La solidité de l'assise économique et sociale des villes repose aujourd'hui sur de nouvelles spécialisations : haute technologie, activités tertiaires de haut niveau, avec en particulier la gamme des services aux entreprises. Ces spécialisations requièrent de hauts niveaux de formation et de qualification. Or, on constate une concentration sélective de ces fonctions. Elles se situent dans les plus grandes villes (Paris, Lyon) qui sont aussi les mieux équipées en matière de centres universitaires et qui peuvent ainsi disposer d'un potentiel de ressources humaines qualifiées. On les trouve aussi dans les villes de certaines régions : à branches d'activités égales, la main-d'œuvre est plus qualifiée dans les villes du Sud (Grasse - Cannes - Antibes, Montpellier, Toulouse, Pau…) que dans les villes du Nord, du Nord-Est et du Bassin parisien où la déconcentration industrielle s'est appuyée sur l'utilisation d'une main-d'œuvre moins formée. Si l'on tient compte de la nature des activités propre à chaque ville, Toulouse et Bordeaux maintiennent leur avantage, comme le Sud-Est et Nantes.
• La dynamique des systèmes de transport renforce cette tendance à la métropolisation. L'avion, le TGV, les autoroutes réduisent considérablement les distances-temps. Mais les points d'entrée dans ces réseaux sont, par nécessité technique, peu nombreux et logiquement situés à proximité des agglomérations les plus peuplées. Ils renforcent ainsi leur bonne accessibilité. Par conséquent, les grandes villes attirent de plus en plus les services les plus élevés et consolident leur centralité (définie comme la position de nœud dans le réseau urbain). Au fur et à mesure que les grandes villes élargissent la portée de leurs services, elles court-circuitent des villes de taille intermédiaire.
2. La macrocéphalie parisienne
• La concentration parisienne reste exceptionnelle à l'échelle européenne, même en tenant compte de Londres : presse, édition, vie culturelle, recherche, enseignement supérieur, administrations, sièges d'entreprises nationales ou internationales s'y trouvent dans des proportions inégalées ailleurs, ne laissant aux métropoles provinciales que des activités plus discrètes et dépendantes. Ainsi, les jeunes restent-ils très attirés par la capitale, alors que, parallèlement, l'agglomération parisienne fournit aux villes de province de nombreux nouveaux habitants. L'Île-de-France regroupe 18,7 % de la population française sur seulement 2,2 % du territoire ; la capitale concentre 28,7 % de la richesse nationale et apparaît au premier rang des régions européennes.
• Mais son attractivité décline en raison de la cherté de la vie et de la multiplication des nuisances. On peut se demander comment concilier le rayonnement national et international lié à ses fonctions et la gestion locale d'une gigantesque agglomération urbaine, aux forts déséquilibres internes et en expansion sur ses marges rurales proches.
3. Les métropoles régionales
Les villes qui ont le plus bénéficié de la croissance urbaine ces dix dernières années se situent dans un environnement favorable (montagne, mer). Elles profitent d'un développement économique orienté vers les nouvelles technologies.
• Les grandes aires urbaines de l'Ouest et du Val de Loire (Rennes, Nantes, Angers, La Rochelle), ainsi que du grand Sud-Est (Montpellier, Avignon, Annemasse, Aix-en-Provence ou Annecy) sont ainsi démographiquement gagnantes.
• Bordeaux et Toulouse restent les deux grandes métropoles du Sud-Ouest.
• Lille est la seule grande métropole du nord de la France.
• Strasbourg et Nancy-Metz polarisent la Lorraine et l'Alsace.
• Nice et Toulon ne gagnent pas de population.
• Grenoble subit la concurrence de Lyon, mais reste spécialisée dans la haute technologie.
• Les villes anciennement industrialisées du Massif central (Saint-Étienne, Clermont-Ferrand), du Nord (Valenciennes, Béthune, Douai) ou du Nord-Est (Thionville, Montbéliard) déclinent suite à la fermeture des sites miniers et aux restructurations des industries lourdes et de textile.
• Le dynamisme de Mulhouse s'explique par sa localisation frontalière.