Un Français sur quatre vit dans une aire urbaine de plus d'un million d'habitants. Les villes s'étalent sur les espaces ruraux périphériques. La périurbanisation crée de nouveaux paysages. Les centres des villes se sont généralement dépeuplés depuis les années 1960.
1. Une redéfinition des espaces urbains
• De façon à rendre compte de l'évolution des pratiques spatiales, particulièrement le développement d'une nouvelle forme d'urbanisation, l'INSEE (Institut national des statistiques et des études économiques) a dû définir une nouvelle nomenclature en redéfinissant les espaces à dominante urbaine.
Le pôle urbain est une unité urbaine offrant 5 000 emplois et plus, qui n'est pas située dans la couronne périurbaine d'un autre pôle urbain.
La couronne périurbaine, qui entoure le pôle, est un ensemble de communes dont 40 % des actifs travaillent dans le pôle, c'est un espace parcouru par les migrations alternantes (trajet domicile-travail).
Les communes multipolarisées sont des communes périurbaines dans l'aire d'influence de plusieurs pôles périurbains.
• Ce nouveau zonage donne à la France une image nouvelle qui oppose quelque 2 000 unités urbaines comptant au moins 2 000 habitants agglomérés, à un espace rural, défini en fait comme l'espace résiduel, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas urbain. Ainsi, l'espace à dominante urbaine regroupe près de la moitié des communes du pays et 82 % de la population totale. On compte par ailleurs 341 aires urbaines.
2. La métropolisation
• La tendance actuelle est à la concentration des populations dans les grandes aires urbaines, surtout celles de province. Ce mouvement accompagne le processus de métropolisation. Celle-ci, dans la logique d'une économie mondialisée, concentre en quelques lieux les fonctions de commandement et les moyens de la puissance et de la compétitivité : centres de recherche, transports rapides, emplois stratégiques (gestion, services aux entreprises).
• Le processus de concentration dans les grandes villes s'accompagne d'une déconcentration à l'échelle urbaine : la ville ne cesse de s'étaler et la croissance urbaine, désormais ralentie, profite surtout aux périphéries. Cet étalement correspond à la fois à de nouvelles demandes des habitants (maisons individuelles, cadre agréable et aéré) et aux intérêts des entreprises (recherche de vastes terrains bon marché et à proximité des grands carrefours de communication).
• Ce phénomène de périurbanisation induit une forte progression des migrations pendulaires. La population française continue donc à se concentrer autour d'un nombre de plus en plus réduit de villes. Ces agglomérations s'étendent, profitant de la place laissée par les territoires voisins et de leur manque de dynamisme. Cependant, cet étalement urbain est critiqué par les urbanistes, car il est coûteux en termes d'infrastructures (voiries, assainissement, éclairage, déchets) et peu conforme aux principes de développement durable (multiplication des déplacements individuels en voiture sur des axes saturés), mais il résulte du goût des Français pour un autre mode de vie, plus proche de la nature.
3. Un exemple : la ville de Nantes
• La ville de Nantes connaît une croissance forte de son aire urbaine qui s'étend sous la forme d'une longue traînée d'urbanisation, de part et d'autre de l'estuaire. Cette croissance se fait surtout par l'absorption des petites villes de la périphérie. En trente ans, les surfaces urbanisées de l'agglomération nantaise ont triplé, passant de 5 000 à 15 000 hectares, alors qu'il avait fallu 2 000 ans pour atteindre ces 5 000 hectares.
• Ce constat d'une urbanisation de plus en plus étendue est d'importance. Il tend à démontrer que les périmètres d'actions et d'aménagement définis hier ne correspondent plus aux réalités d'aujourd'hui. Cela rend obsolète le découpage communal, justifie la construction de districts et le regroupement de communes.
• La commune de Nantes, ville centre, compte 270 000 habitants. La communauté urbaine regroupe 550 000 habitants et 21 communes. L'aire urbaine est constituée de 65 communes et rassemble 650 000 habitants. L'estuaire, le littoral et l'agglomération comptent 116 communes pour 850 000 habitants. Le tout constitue un seul ensemble urbain, multi-communal et qui regroupe ce que certains ont baptisé l'archipel nantais.