Si le Moyen Âge désigne la période qui s'étend du ve siècle au xve siècle, l'art roman est le nom que l'on a donné aux créations artistiques qui, en France, s'épanouissent de la fin du xe siècle à la première moitié du xiie siècle, période où l'art gothique apparaît. Cette appellation souligne la continuité qui existe entre cet art et celui de l'Empire romain.
Il renvoie également à la zone géographique dans laquelle il s'étend : la zone romane, dans l'orbite de la Rome catholique. Si l'on associe volontiers cet art à la religion, et s'il a effectivement produit de nombreux bâtiments religieux, il a également marqué l'architecture civile : châteaux, hôtels de ville, marchés, granges, etc., mais aussi la sculpture, la peinture, la tapisserie, la mosaïque, l'art de l'enluminure et du vitrail.
1. Origines
• L'art roman se développe au xe siècle sous la nécessité de reconstruire des lieux de culte détruits ou endommagés par les différentes invasions, mais aussi d'en bâtir de nouveaux capables de répondre à l'expansion du christianisme. Les sources d'inspiration de cet art sont multiples. L'Empire romain a marqué de son empreinte les provinces qu'il a conquises, les vestiges de temples, de théâtres, de thermes décorés de mosaïques sont encore nombreux et fournissent des modèles aux bâtisseurs, avec d'autant plus de force depuis la Renaissance carolingienne du ixe siècle qui se caractérise par un retour à l'Antiquité gréco-romaine.
• Par ailleurs, l'influence orientale est également perceptible : les Romains, déjà, par l'étendue de leurs conquêtes, avaient noué des liens avec l'Orient, et ces liens ne font que s'accentuer au Moyen Âge, par le biais des pèlerinages vers les lieux saints, puis des croisades. Ainsi, les êtres fantastiques, pourtant inspirés de croyances païennes, et les animaux exotiques (guépards, lions, éléphants, dromadaires, etc.) se retrouvent dans les ornements de l'art roman. Enfin, le sud de l'Europe, en particulier l'Espagne occupée, est en contact avec l'art musulman et connaît ses ornements linéaires très raffinés.
2. Architecture
• L'art roman se caractérise par un important essor architectural, en particulier pour ce qui concerne les édifices religieux. L'accroissement du culte des reliques conduit à développer les cryptes et donne naissance au déambulatoire, à la fin du xe siècle. Cette galerie tourne autour du chœur et relie les bas-côtés ; jalonnée de chapelles rayonnantes, elle permet aux pèlerins de circuler et de se recueillir. De façon générale, les autels tendent à se multiplier et les absidioles se développent donc également. Les plans des édifices religieux sont multiples : plan bénédictin, plan tréflé, plan en croix grecque, églises rondes (comme à Neuvy-Saint-Sépulcre), plan basilical à trois ou cinq vaisseaux.
• Les matériaux sont très variés : calcaire, grès, granite, lave, marbre. Chaque région française utilise ses propres matériaux. Une des caractéristiques majeures de l'art roman religieux est le développement des voûtes. Pour éviter les risques d'incendie mais également pour donner plus de majesté à l'édifice et améliorer l'acoustique, les voûtes remplacent les charpentes apparentes. Les voûtes en berceau ou en demi-cylindre recouvrent ainsi les nefs et les bras du transept, alors que souvent les voûtes en cul-de-four recouvrent les absides et/ ou les absidioles. Les façades s'ornent souvent de sculpures reprenant l'enseignement religieux mais offrant aussi des ornements pittoresques. Les abbayes se développent aussi, avec leurs différents bâtiments : dortoir, salle capitulaire, cuisine et réfectoire, cloître.
3. Sculpture
• L'essor de l'architecture religieuse favorise celui de la sculpture. Les chapiteaux, les façades et les portails se couvrent de sculptures ornementales. La sculpture romane est d'une très grande richesse. Elle joue sur des motifs géométriques (chevrons, losanges, disques, torsades, etc.), de fleurs stylisées, mais aussi sur tout un bestiaire réaliste, exotique ou fantastique. Par ailleurs, les sculptures peuvent également avoir une dimension didactique, lorsqu'il s'agit de représenter des récits édifiants, tirés de la Bible : les scènes de l'Apocalypse ou du Jugement dernier, où les corps s'enchevêtrent et envahissent tout l'espace du tympan ou de la façade, sont là pour impressionner les fidèles.
• La sculpture offre aussi au regard du croyant des allégories des vices : avarice, luxure ou orgueil sont figurés de façon imagée. Elle n'hésite pas non plus à représenter des scènes de labeur de la vie quotidienne des fidèles ou à ajouter des éléments inventés et anecdotiques aux représentations des personnages bibliques, leur donnant ainsi une dimension presque familière.
4. Peinture murale et enluminure
• Les peintures s'épanouissent à l'intérieur des églises, aussi bien dans les grands édifices que dans les petits lieux de culte. Les fresques retracent elles aussi des épisodes bibliques et racontent souvent les épisodes de la vie du Christ, la vie des saints ou le Jugement dernier. Un des vestiges les plus remarquables de ce type de réalisation se trouve à l'abbatiale de Saint-Savin.
• Les manuscrits sont recopiés bien souvent par les moines, et l'art roman s'exprime également dans les enluminures qui les décorent avec une grande richesse. Des lettres ornées aux enluminures en pleine page, les motifs sont variés : épisodes de la Bible, illustrations des vies de saints, bestiaires.