0,04 % de trop
Heureusement, tous les heurts ne sont pas tus. L'histoire de Karen Montet-Toutain, a même fait le tour des médias. Enseignante en arts plastiques dans un lycée professionnel, la jeune femme a reçu 16 coups de couteaux par un de ses élèves, en plein cours. Elle avait auparavant alerté sa direction sur les comportements de ce dernier, en vain. Suite à cette terrible histoire, sa vocation brisée, la jeune femme se mobilise. Elle souhaite servir d'exemple pour alerter le grand public. « Si l'on continue de traiter par le mépris à la fois cette jeunesse aux abois et les professeurs qui tentent de l'ouvrir à d'autres horizons que ceux de la délinquance, c'est toute la société qui se retrouvera en danger ». Explique-t-elle à travers son ouvrage Et pourtant je les aime.
Depuis, Karin Montet-Toutain met en lumière d'autres victimes, à l'ombre des projecteurs, elles aussi victimes. La jeune femme nous a mis en relation avec Jean-Claude, professeur de collège à Tourcoing. Réprimandant à maintes reprises un de ses élèves pour ses retards à répétition et las du manque de réaction du retardataire récidiviste, Jean-Claude prévient l'établissement et convoque les parents. Quelques jours plus tard, l'adolescent profite de l'intercours et poignarde son professeur à trois reprises. Il lui administre deux coups de couteaux dans le dos – dont un qui lui perfore le poumon et un troisième à la main, alors que Jean-Claude tente de se protéger.
L'adolescent qui à l'époque suivait une 4e SEGPA, une section réservée dans les collèges aux élèves en difficulté scolaire majeure, ne faisait pas partie des jeunes à problèmes. Il justifiera plus tard son geste par un désir de vengeance.
Ces faits de violence avec armes sont plus que rares : 0,04 % des personnels, nous rappelle Éric Debarbieux. Aussi rares soient-ils, ils n'en demeurent pas moins consternants et nous sommes amenés à nous interroger sur ce qui conduit la jeunesse à de telles violences.