L'action préventive
Selon les spécialistes interrogés, il est impératif de procéder à une grande campagne de sensibilisation à l'échelle du pays. Éric Nedelec parle d'action collective. « Il ne faut pas chercher une cause unique. Il n'y a pas qu'un coupable à cette situation. Ne rentrons pas dans une logique de désignation et partageons-nous les responsabilités ». Parmi les premières pistes d'action, Luc, le professeur de collège lyonnais, propose d'impliquer la famille à la réussite des enfants. « Je suis persuadé qu'il y a urgence à casser la spirale de l'échec des parents. Si ces derniers sont réfractaires à l'école, à nous de montrer une image plus actuelle où chacun a sa place et ses chances de réussir. »
Pour le jeune homme, s'informer sur la réalité du problème est déjà un premier pas. « Cela permet de prendre conscience que l'on n'est pas tout seul. Et cela nous aide aussi à différencier les modes de communication. Un adulte qui ne sait ni lire, ni écrire aura plus de réticence à participer à la liaison avec l'établissement. À nous de lui réapprendre le langage scolaire ».
Enfin, tous les protagonistes de ce dossier s'entendent pour dire que les actions éducatives et culturelles avant, autour et à l'école s'imposent, de manière à familiariser les tout-petits avec les mots, avec les livres, encourager les parents à suivre la scolarité de leurs enfants, les soutenir dès les premières difficultés et créer des conditions favorables à la réussite des premiers apprentissages. En terme de sensibilisation, Éric Nedelec affirme qu'il n'y a pas meilleur ambassadeur de sa propre cause qu'une personne sortie de l'illettrisme.