Violence et pornographie
Alors que l'on parle depuis peu de harcèlement entre jeunes sur le web, la violence et la pornographie sont au cœur des inquiétudes des parents lorsque l'on évoque les nouvelles technologies. La brutalité induite par les jeux en ligne, jeux vidéos ou autres films font débat depuis trois ou quatre décennies. « On ne sait rien de l'impact et en France les passages à l'acte sont quasi inexistants. La chose qui est sûre, c'est qu'il est raisonnable d'éviter d'exposer les moins de 13 ans à ce type d'activité » observe Bastien Cartier, président de Game addict, plateforme spécialisée dans la question de l'addiction au jeu vidéo. Pour l'expert, le risque de débordement peut être largement réduit par la présence d'adultes responsables, capables de catalyser les émotions et réactions qu'entraînent de telles expositions.
Marion, signale quand à elle, l'intrusion des scènes de violence et la pornographie qui apparaissent sur l'écran sans que les jeunes les aient véritablement recherchées. « Mes enfants regardent des dessins animés sur Daily Motion et depuis peu, il y a une coupure pub très violente, comme ça, sans prévenir ». Ce genre d'irruptions peut-il créer des troubles ou une distorsion de la perception de la réalité ? « L'échange d'images érotiques, d'obscénités, de plus en plus fréquent en classe via les smartphones, les Ipad et autres lecteurs multimédias, signe l'incapacité des très jeunes adolescents de distinguer ce qui est privé de ce qui est public. À titre comparatif, on ne faisait pas circuler un magazine porno en plein cours, avant internet. L'immédiateté fait perdre beaucoup de repères », analyse l'enseignante.
Pour Bastien, les violences et leurs impacts se situent à un autre degré. Il constate avec effroi que beaucoup d'adolescents évoquent des sites d'anorexiques, consacrés aux troubles alimentaires, qui fournissent aux jeunes des informations sur la manière de « poursuivre » leur maladie. Il en va de même pour des sites incitant à des conduites suicidaires, ou encore vantant la consommation de drogues et d'alcool. « Ce genre de plateforme semble influencer le comportement des jeunes qui les consultent. Dès lors, je pense qu'il est impératif d'éduquer les jeunes à l'utilisation de ces outils. » Marion abonde : « Je suis réellement favorable au fait que les enseignants prennent la mesure de ce phénomène et y apportent une réponse adéquate. » Quelle est la responsabilité de chacun ?
Un maître mot : la prévention
L'entourage familial est toujours l'atout préventif le plus précieux, particulièrement auprès de jeunes adolescents. Les différentes personnes interrogées sur ce dossier encouragent les parents à s'intéresser activement au lien que leurs enfants entretiennent avec les différents outils multimédias. « Il est essentiel d'ouvrir un dialogue sur l'intérêt qu'ils portent à telle ou telle activité et de suivre l'évolution, sans se montrer intrusif ». Quid des filtres parentaux en tout genre ? « L'utilisation peut apporter un peu de sécurité aux jeunes enfants, mais elle est inutile au moment de l'adolescence » commente Bastien. Selon lui, les jeunes ados peuvent contourner sans trop de soucis, ce dernier rempart à la liberté absolue. « Il est essentiel de laisser un certain espace d'intimité et de liberté aux jeunes et ne pas les contrôler à tout prix » confirme Marion. « Le meilleur filtre, finalement c'est les parents », avance l'enseignante.
En cas d'agression, de harcèlement ou tout autre type de débordement, Jacques Henno encourage à réaliser une saisie d'écran du message en question, afin d'en conserver une preuve. Le spécialiste encourage la famille à entourer son enfant de toute son affection et de bien lui faire comprendre qu'il n'a pas à supporter de tels agissements. Il est inutile de régler la solution par soi-même, les répercussions pourraient être terribles pour la victime. Il est préférable de signaler ces agissements auprès du directeur d'établissement qui pourra alors entamer une campagne de sensibilisation.
À ce propos, Marion insiste sur le fait que L'Éducation nationale doit impérativement proposer une initiation et une sensibilisation aux risques liés aux nouvelles technologies. « Il n'est pas fortuit de rappeler le cadre légal et les risques de dérapages des différentes situations auxquelles les élèves peuvent être confrontés ». Enfin, Bastien invite les professionnels de la Santé à s'interroger lors de consultations avec de jeunes patients, pour des problèmes de fatigue, de sommeil, ou de déprime, sur l'utilisation des outils multimédias. Il recommande la plus grande vigilance en ce qui concerne ces nouveaux joujoux dont on ne connaît pas encore bien l'impact. Ainsi, famille, personnel de Santé et corps enseignant, les dangers liés aux nouvelles technologies nous concernent tous et c'est unis que nous optimiserons leur utilisation.
Dossier réalisé par la MAIF, mars 2013.