La décision (Tribunal Affaires de la sécurité sociale, Quimper, 13 septembre 2004.)
Aux termes de l'article L. 412-8 du Code de la sécurité sociale, les élèves des établissements d'enseignement technique bénéficient de la législation sur les accidents du travail pour les accidents survenus à l'occasion ou du fait des stages auxquels donnent lieu ces enseignements.
La convention de stage qui avait été conclue entre l'établissement d'enseignement et l'entreprise accueillant l'élève procède d'une délégation de pouvoir du premier à la seconde. En réalité l'entreprise doit être considérée comme substituée à l'employeur au sens de l'article L. 452-1 du Code de la sécurité sociale.
L'entreprise qui accueille un stagiaire est tenue, par conséquent, envers lui, d'une obligation de résultat en matière de sécurité, notamment en ce qui concerne les accidents du travail.
Le manquement à cette obligation a le caractère d'une faute inexcusable, car cette entreprise avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le stagiaire et elle n'a pas pris les mesures nécessaires pour l'en préserver.
En l'espèce, la machine n'était pas destinée à être utilisée simultanément par deux personnes. L'opération était assez compliquée pour que le risque de non-coordination entre l'opérateur situé au pupitre et la personne l'assistant (ici l'élève) soit parfaitement identifiable : l'entreprise ne pouvait l'ignorer.
Pour autant, aucune consigne de sécurité n'interdisait une telle pratique, et les stagiaires ne recevaient aucune formation spécifique à la sécurité : personne n'avait pris de mesure pour éviter que les stagiaires soient exposés à ce type de risque.
Il y a donc lieu de constater que l'entreprise a ici commis une faute inexcusable à l'origine de l'accident dont a été victime le lycéen.
Le tribunal des affaires de la sécurité sociale
Le contentieux relatif au bénéfice de la législation sur les accidents du travail ou sur l'étendue des droits de la victime d'un accident lors d'un stage en entreprise entrant dans la scolarité obligatoire, relève exclusivement du contentieux de la sécurité sociale.
Le tribunal des affaires de sécurité sociale est présidé par un magistrat du tribunal de grande instance assisté de deux assesseurs désignés par le président de la cour d'appel : l'un sur une liste émanant des organisations de salariés, l'autre, des organisations d'employeurs.
Selon les circonstances, le tribunal peut retenir :
- la faute inexcusable de la seule entreprise, lorsque les faits reprochés relèvent de sa seule initiative, et cela même lorsque celle-ci aurait voulu que seul l'établissement scolaire en supporte la responsabilité et les conséquences ;
- celle de l'établissement scolaire ;
- ou encore un partage entre l'entreprise et l'établissement scolaire.
Dossier réalisé par Frédérique Thomas, professeur agrégée, docteur en STAPS,
Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand II, juin 2011.