Le Front populaire évoque les premiers congés payés, c'est-à-dire les premières vacances au bord de la mer, à la campagne, en tandem et en camping. C'est pourtant d'abord une alliance politique entre socialistes, radicaux et communistes. À partir de mai 1936, le Front populaire tente de juguler la crise économique. Il démissionne un an plus tard. Comment expliquer ce relatif échec ? En quoi le Front populaire a-t-il profondément réformé la société française ?
1. L'œuvre du Front populaire
a) Une victoire éclatante
• Les ligues d'extrême droite ont menacé la République, le 6 février 1934. Les forces de gauche ripostent en manifestant, d'abord, puis en formant une alliance : le Front populaire, qui réunit en 1935 radicaux, socialistes et communistes.
• Le Front populaire gagne les élections en mai 1936 et le socialiste Léon Blum, leader de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO ou parti socialiste) devient président du Conseil en juin 1936. C'est la première fois dans l'histoire de la France qu'un socialiste dirige le gouvernement. Les communistes, à la fois pour ne pas effrayer les classes moyennes et préserver leur liberté, refusent de participer au gouvernement : c'est le « soutien sans participation ».
b) Des réformes mythiques
• Pour la première fois, le gouvernement comporte un ministre des Loisirs, Léo Lagrange, ce qui fait scandale dans les rangs de la droite. Il favorise la pratique du sport, crée les auberges de jeunesse, etc. Quatre femmes (qui n'ont pourtant pas encore le droit de vote !) entrent au gouvernement.
• En juin 1936, pour faire pression sur le nouveau gouvernement, deux millions de salariés se mettent en grève et occupent les usines. Léon Blum réunit patrons et syndicats, qui signent le 7 juin les accords de Matignon : les salaires des ouvriers sont augmentés, la durée du travail est limitée à quarante heures par semaine, les congés payés sont institués et fixés à deux semaines.
• La Banque de France est réformée ; certaines entreprises (notamment les industries d'armement) sont nationalisées. Léon Blum entend réduire le pouvoir des « deux cent » familles (regroupant les dynasties de gros industriels et de banquiers). Des mesures sont prises pour assurer des revenus plus stables aux paysans touchés par la crise ; la scolarité est rendue obligatoire jusqu'à 14 ans. L'ensemble de ces mesures, novatrices pour la plupart, a contribué à faire du Front populaire une expérience mythique.
2. L'échec du Front populaire
a) La violente opposition de la droite
Les journaux de droite mènent une campagne antisémite virulente contre certains ministres d'origine juive, comme Léon Blum. Poussé à bout par une campagne de presse calomnieuse, le ministre de l'Intérieur, Roger Salengro, se suicide.
b) La fin du Front populaire
• Le franc est fragilisé par la fuite des capitaux (vers la Suisse, notamment). La hausse des salaires mais aussi l'hostilité des patrons aux réformes, entraînent une forte hausse des prix. Léon Blum doit, en 1937, abandonner ses projets de réforme : c'est « la pause ». La guerre d'Espagne qui commence en juillet 1936 fragilise davantage le gouvernement. Malgré sa sympathie pour la démocratie espagnole menacée par le général Franco, Léon Blum décide officiellement de ne pas intervenir dans ce conflit.
• En juin 1937, le président du Conseil démissionne. C'est la fin de l'expérience du Front populaire.