L'art romain a été grandement influencé par l'art grec et s'est nourri de lui. Il n'en reste pas moins que l'art gréco-romain a connu un rayonnement exceptionnel, en Europe, et a marqué en profondeur l'art occidental, oscillant entre imitation et tentatives de démarcation, au moins jusqu'au xixe siècle.
1. L'art patricien (iie siècle av. J.-C.)
• À l'origine, les Romains sont un peuple de soldats et de paysans peu tournés vers l'art, sauf dans sa dimension religieuse. Cependant, l'influence de la culture étrusque, plus raffinée, et celle de la culture grecque sont des facteurs d'évolution importants. Surtout, à partir du iie siècle av. J.-C., les nobles, les patriciens s'enrichissent considérablement grâce aux conquêtes et sont de plus en plus imprégnés de culture hellénistique.
• Les artistes grecs viennent à Rome et sculptent par exemple des œuvres imitées ou, en tout cas, fortement inspirées de la statuaire grecque. L'architecture urbaine commence à se développer, pour essayer d'ordonner les constructions relativement anarchiques qui ont précédé cette période. Surtout, les nobles se font construire de belles et confortables demeures, comme peuvent en témoigner les vestiges de Pompéi et d'Herculanum. Les mosaïques, les peintures murales, les colonnades donnent un raffinement et un luxe inédits aux demeures italiques traditionnelles.
2. L'art des premiers empereurs (ier siècle av. - ier siècle ap. J.-C.)
• L'architecture urbaine se développe surtout à partir du règne d'Auguste. Celui-ci entreprend de construire ou reconstruire de nombreux temples et de doter les villes d'édifices publics, de théâtres ou d'amphithéâtres. Beaucoup des bâtiments édifiés servent à glorifier le régime impérial.
Ainsi, la période voit l'émergence des arcs de triomphe, richement décorés de sculptures, destinés à célébrer les conquêtes romaines. L'ordre corinthien, hérité de la fin de l'art grec classique, domine à Rome et se caractérise par ses ornements de feuilles d'acanthe et ses formes plus délicates et raffinées. L'architecture est théorisée par Vitruve, auteur d'un traité qui influencera en profondeur l'architecture occidentale au moins jusqu'au xixe siècle. De nombreux vestiges nous restent de cette période, à Rome comme dans les provinces romaines, que l'on pense par exemple à la Maison carrée de Nîmes. Une des réalisations exemplaires d'Auguste est l'Autel de la paix qui se trouvait sur le Champ-de-Mars et qui comporte des sculptures pleines de vie.
• Néron, empereur sanguinaire, était un passionné d'art. Il se fait construire à la suite d'un incendie qui a ravagé tout un quartier de Rome la vaste Domus Aurea, décorée par le peintre Fabullus de peintures admirables et des fameux « grotesques » découverts à la Renaissance. Ce style de peintures murales connaît une grande mode et se retrouve également dans les villas de Pompéi. Les effets de trompe-l'œil sont particulièrement prisés et se marient aux ornements délicats.
3. L'art de l'Empire
• L'architecture romaine continue à s'épanouir, en dépit des différentes crises qui peuvent agiter l'Empire. Les ports, les marchés, les immeubles, les thermes, etc., se construisent sur tout le territoire de l'Empire et donnent l'impression d'une grande unité. Les architectes ont mis au point la technique de la voûte que l'on retrouve dans bon nombre d'édifices, comme peut en témoigner le Panthéon de Rome. La mosaïque connaît elle aussi une période féconde et se tourne à nouveau vers la représentation figurative, après avoir connu une longue phase de décors géométriques. Les scènes en mosaïque sont soit en noir et blanc, soit réalisées dans une riche palette polychrome.
• La sculpture est soumise tout au long de cette période à des tendances assez contradictoires. Elle se tourne parfois vers un réalisme assez net et s'efforce de reproduire rigoureusement les détails, l'apparence des personnages représentés (arc de Septime Sévère). Parfois au contraire, elle renoue avec le classicisme du siècle d'Auguste et recherche l'idéalisation, la stylisation des modèles (colonne Trajane). Enfin, elle est aussi marquée par la recherche de l'effet, de l'expressivité, et joue sur l'expression pathétique des sentiments humains.
• La fin de l'Empire est marquée par un retour à une certaine esthétique classique, alors que le centre de l'Empire se déplace vers Constantinople et que l'on semble renouer avec l'art hellénistique. C'est dans ce contexte que peu à peu émerge un art chrétien, qui modifiera profondément la donne.